Le Grand Méchant Renard - La chronique BD.

L’histoire : l’autoproclamé "Grand Méchant Renard" n’a de grand et de méchant que le nom. Il aimerait bien, lui aussi, comme son compère le Grand Méchant Loup, être craint et respecté par la population de la ferme voisine, mais en réalité il laisse le chien de garde indifférent, se fait offrir des légumes par le cochon, et suscite le mépris des poules, sauf quand il essaye subrepticement de les manger : là il se prend une bonne raclée. Bref. Tout sauf une terreur. Et en plus, n’est pas Renart qui veut : ce goupil là n’est pas très malin et se laisse influencer par le loup, à qui il voue une admiration sans bornes.

Le loup est trop craint pour pouvoir s’approcher de la ferme sans se prendre un coup de chevrotines derrière les oreilles ? Qu’à cela ne tienne. Il envoie donc l’inoffensif mais ambitieux renard voler des oeufs, et les lui fait couver jusqu’à l’éclosion. Mais à ce moment un problème se pose : les trois poussins, qui prennent désormais le renard pour leur mère, sont trop chétifs pour satisfaire l’appétit des deux prédateurs.

Le renard est donc chargé de les élever jusqu’à ce qu’ils soient assez gras pour constituer un repas digne de ce nom. C’est le plan parfait (du moins pour le loup), mais un grain de sable imprévu se glisse dans toute cette belle machinerie : le renard se découvre peu à peu un puissant instinct maternel.

Notre avis : disons le tout net : celui qui se priverait de cet album sous prétexte qu’il semble destiné aux enfants se priverait d’un très bon moment de lecture, dans lequel la poésie le dispute à l’humour. L’idée est belle : un renard complexé qui donne un sens à sa vie et atteint le bonheur grâce à ses "proies", qu’il finit par adopter et défendre face à un loup terrifiant. Le tout servi par un humour omniprésent, que ce soit dans les expressions des personnages, merveilleusement rendues par le trait lâché mais extrêmement efficace de Benjamin Renner, ou dans les péripéties et les dialogues, savoureux d’un bout à l’autre.

Les efforts de ce pauvre renard visant à faire comprendre aux poussins qu’ils ne sont pas des renards sont par exemple hilarants, sans parler des grands airs d’un loup en réalité trop pleutre et flemmard pour faire lui même le sale boulot. En bref, un album à lire d’urgence. Coup de coeur du mois.