Le Chant de la Machine - la Chronique BD

Grande nouvelle parmi les fans de la première heure : la version rééditée du Chant de la Machine publiée initialement chez Delcourt en 2000 (vol 1), se voit aujourd’hui dotée d’une nouvelle vie avec une édition qui réunit les deux volumes aux Editions Allia.

C’est donc avec joie que l’on entame les premières pages de ce long récit à la fois historique et de temps en temps biographique retraçant l’histoire de la musique house au fil des 50 dernières années à travers le monde.

Un pas de géant qui est ici très bien renseigné, documenté et ponctué par le récit des rencontres et des témoignages poignants que D. Blot et Mathias Cousin ont pu mener pendant toutes ces années. Étape par étape, on nous explique les fondements de cette transformation grâce notamment aux mouvements sociaux, aux influences des musiques étrangères et à la créativité de leurs plus grands représentants.

Chaque chapitre dévoile une playlist des titres ayant marqué l’époque et l’illustrant au mieux. Cette bande dessinée mériterait en réalité une lecture avec casque audio, au son de la sélection de David Blot.

On entre donc dans l’univers d’’Avant la Machine’ au début des années 70’s où David Mancuso est le premier dj culte de son histoire. On y retrouve les ambiances de ‘The Get Down’, série de Netflix qui met en avant les jeunes des ghettos du Bronx où se jouent les premiers pas de la culture rap. En extérieur, les soundsystems jamaïcains permettent aux premiers scratcheurs comme Grand Master Flash et Afrika Bambatta de se faire un nom.
Mathias Cousin
On virevolte ensuite vers la disco de Donna Summer en hit parade des charts. Produit par le grand Giorgio Moroder qui avec Ceronne s’intéressent aussi beaucoup au mystérieux Kraftwerk d’Allemagne. En parallèle, c’est l’apogée de la disco aux États-Unis avec les Villages People qui incarne toutes les tendances de l’époque avec les fêtes gays et le star system Hollywoodiens. On y découvre aussi tous les clubs phares de l’histoire et leurs soirées folles qui ont marqué toute une génération.

Ensuite, c’est au tour de Chicago et la house music de Detroit d’être scrupuleusement mis en scène à travers l’histoire de ces protagonistes.
Les années 80 avec New Order qui est porté ici en chef de proue de tout le mouvement punk-disco. Ensuite, on se téléporte dans les années 1990 où les raves font rage et la culture de l’acid house.

Côté dessin, ce roman graphique passe du noir et blanc aux couleurs évoquant par la même occasion les évolutions techniques et technologiques de l’époque.
Chaque intervention de la voix de l’auteur est dessinée d’une manière spécifique allant jusqu’à des pleines pages très travaillées qui dépeignent les stéréotypes disco de l’époque. On admire le travail des pochettes d’album, de l’ambiance des boites de nuits et des grandes icônes musicales.

Le style change par chapitre surtout vers la fin où on sent que Mathias Cousin se laisse aller à un dessin plus étriqué et fin surtout dans le chapitre sur New Order ‘Le retour des vieux Kids’.

Mathias Cousin

On se laisse emporter et voyager à travers le temps. On entend même parfois résonner le Chant de la Machine. Un incontournable pour les amateurs de musique et ceux qui rêve d’une époque où tout était encore possible.

Extrait du Chant de la Machine ICI :