Le 19 août 2022
- Dessinateur : Daria Schmitt
- Collection : Aire Libre
- Genre : Fantastique
- Editeur : Dupuis
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 10 juin 2022
Vous reprendrez bien un peu de Lovecraft à la sauce romantique ?
Résumé : Dans son jardin public, le gardien Providence sait qu’il ne doit pas se relâcher, car une faune fantasmagorique peut s’échapper à tout moment, et la nouvelle direction ne semble pas prendre en compte ses observations et ses rêves...
Critique : Certains livres, à l’instar de certains films, non seulement méritent, mais doivent être relus. Cette relecture permet de mieux cerner les qualités, apprécier l’originalité, saisir la nuance, et relire Le bestiaire du crépuscule fait indubitablement cet effet, à savoir que l’on se dit que l’on a manqué trop de choses en la lisant trop rapidement la première fois. Trouver une qualité de poésie, comme si les dialogues avaient été écrits par ces auteurs romantiques, Daria Schmitt se mutant en Musset pour faire dire à ses personnages de belles métaphores sur la vie, puis en tombant dans le théâtre de l’absurde, jouant du Beckett avec une parodie de libéralisation du parc par une directrice qui n’est pas à un contresens près. Apprécier l’originalité de cet ouvrage, qui s’appuie sur une nouvelle de Lovecraft intégralement recopiée à la fin, que l’on a plaisir à lire (rassurez-vous, ce n’est pas une qui fait trop froid dans le dos), et la ramifie, lui donne de l’ampleur et de la vigueur, comme si elle avait été écrite seulement pour permettre cette œuvre graphique.
© Dupuis / Schmitt
Pour saisir la nuance, il convient de s’intéresser au caractère hybride de l’ouvrage : s’il semble à première vue un superbe noir et blanc, quelques couleurs, souvent des monstres ou des courants, viennent faire éclater cette impression, et l’on a du rose qui s’étale sur des poissons, des chats à la Carroll, des plantes inconnues qui grimpent ou s’enfoncent, jouant sur des codes inconnus qui bouleversent la façon de voir l’album. Clairement, l’autrice a choisi de ne pas rester sur un style figé, mais bien de donner sa part au rêve et à l’imagination, quitte à faire flotter ce momentum bizarre du réveil entre ses pages.
© Dupuis / Schmitt
Impressionnant de vague et d’oubli, Le bestiaire du crépuscule est un album flottant, qui montre que Lovecraft est uniquement un point de départ, quelques lignes d’où tout peut arriver, la poésie autant que l’horreur.
120 pages – 23 €
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