Le 11 novembre 2013
Gaga revisite son style, aussi grandiloquent que grandiose, avec un album dance fracassé et cohérent, où elle nous sert le disco à toutes les soupes (rap, variété, rock...). A vos écuelles, la cantine est ouverte.
- Acteur : Lady Gaga
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Gaga revisite son style, aussi grandiloquent que grandiose, avec un album dance fracassé et cohérent, où elle nous sert le disco à toutes les soupes (rap, variété, rock...). A vos écuelles, la cantine est ouverte.
Après le succès éclair de Born this way, album à la promotion disproportionnée qui a dû accomplir en un mois 70% de ses ventes totales, Lady Gaga se devait de revenir avec un album moins long et plus cohérent, capable de se maintenir un an dans les charts ! Le fera-t-il ? Pas évident. Le nouvel album sort le 11 novembre, date parfaite pour une résurrection sur le marché français où la chanteuse est en manque de tubes depuis Born this way, le single. Les achats de Noël devraient lui assurer des ventes substantielles jusqu’en décembre. Au-delà, cela risque de se compliquer. La chanteuse corrige pourtant la plupart des défauts qui alourdissaient son précédent opus, dont la pochette qui était à elle seule un repoussoir tout droit venu des enfers. Aussi éclatant soit-il, et même si Artpop ne souffre pas vraiment de morceaux réellement faibles qui casseraient son rythme, ce qui était le point irritant de l’irrégulier Born this way, Gaga a toutefois perdu le sens du "tube". Point de Poker Face, Just dance ou Bad romance sur cet album forcément moins fédérateur.
Avec son outrecuidance légendaire, Lady Gaga ne se réinvente pas mais confirme la tendance : générosité, excentricité, et un goût immodéré pour les thèmes anodins de la génération télé-réalité. Artpop parle de Gaga, rien que de Gaga, mais au moins, il le fait avec talent.
Découvrez ci-dessous la revue de l’album titre par titre :
Aura
Drôle de titre pour démarrer l’album. Morceau promo pour le film Machete Kills que tout le monde s’est empressé d’oublier (le film, pas la chanson !), Aura est destructuré, avec une ouverture exotique, des envolées discos, des couplets à la diction de Gaga... La chanteuse n’en fait qu’à sa tête et tire de son excentricité la force de sa musique. Mais encore une fois, pour marquer les auditeurs éventuels, était-ce un choix sensé à cette pôle position ? On en doute encore.
Venus
Annoncé comme deuxième single, puis seulement comme titre promo, de nouveau annoncé comme single en France, du moins sur les affiches placardées en ville, le titre s’est sévèrement vautré sur les classements Itunes mondiaux, ce qui est bien dommage, puisqu’il concentre une énergie folle, une extravagance de chaque instant, aussi "gagaesque" qu’ "Abbaesque"... Un titre infectieux qui avec un peu de promo et un vidéo-clip marquant pourrait devenir le hit de l’album.
G.U.Y
Gaga se répète un peu par rapport à Bad Romance (autour des 2’20), mais la chanson recèle un charme fou. Production efficace !
Sexxx Dreams
L’un des titres de l’album les plus faibles, qui suscite la curiosité pendant quelques secondes, mais à 0’50, c’est le divorce avant même la consommation au lit ! La musique qui accompagne le refrain est excessivement bon marché, à moins que cela soit le refrain qui soit complètement à jeter ! Les délires sexuels de Lady Gaga sont totalement ringardisés par ce titre de face B.
Jewels n’ drums (feat. T.I., Too $hort and Twista)
Une incursion fatigante dans l’univers du rap, avec quelques pointes musicales épiques propre au genre musical. Rien de bien Gaga ici, si ce ne sont des lyrics égocentriques où l’artiste a toujours besoin de souligner son attrait pour le bling bling et son besoin de réfléchir sur la célébrité. Des thèmes qui lui sont chers et qu’on lui laissera volontiers !
Manicure
Plus rock, Lady Gaga se souvient de sa collaboration avec les Stones sur scène (assez pathétique au passage), avec une levée de guitares au bout de 2’55 qui évoque les années 80 (solo final de Like a prayer, Dirty Diana...).
Do what you want (feat R. Kelly)
2e single promo, un titre catchy, entraînant, où l’association des deux voix d’univers si différentes fonctionne bien. Le titre n’est pas parvenu à devenir un hit et c’est bien dommage, cela faisait longtemps que Gaga ne s’était pas exposée de façon aussi lyrique, avec une simplicité vocale presque touchante.
Artpop
La chanson titre. On passera sur la faute de goût du nom du morceau, intrinsèquement prétentieux, Lady Gaga est l’une des seules artistes qui aime s’autoproclamer artiste ; baptiser ainsi son album est un manque d’humilité qui correspond bien au personnage plus grand que nature. Ce titre électronique habité par une voix déchaînée en fond, appartient aux titres mécaniques de la chanteuse. Il parvient à susciter l’émotion, sans trop d’effets, malgré une composition mélodique un peu simple. C’est un beau morceau qui se développe intelligemment, sans se laisser piéger au format radio traditionnel.
Swine
Du pur gaga façon Born this way. Bordélique, hystérique, alliant des passages "dance" poussifs (1’55), à des samples électro plus agressifs, un fond classique avec notes de piano et vertiges synthétiques se mélangent sur une façon de chanter délibérément rock pour accoucher d’un morceau qui méritait mieux que ses paroles ordurières qui confirment une chose (et les concerts de la dame le démontre), Gaga aime la mode et l’art, mais n’en a pas toujours la classe ! Le final de la chanson demeure toutefois ce qui tire le titre vers le haut, et l’on reste donc mitigé.
Donatella
Hommage à Lady Versace et aux freaks de la planète et à leur laideur repoussante. Encore une fois, la chanson confine au bordel généralisé, pétillant d’idées un peu contradictoires. Une très belle émotion côtoie des couplets de récitations "gagaesques", quand le refrain se vautre dans le ridicule, du moins dans les allitérations et les rimes. A trois minutes, on a l’impression que Britney Biatch et Will.i.am vont venir s’inviter au morceau balisé. C’est dans la mouvance actuelle, ni plus ni moins. Le morceau demeure très agréable à écouter.
Fashion
Moins Daft Punk que laissait présager un mix qui avait fuité sur le net il y a quelques temps, cette version convainc moins. L’influence du duo français demeure pourtant prégnante. Gaga est parfaitement à l’aise sur ce morceau et se montre à la fois élégante et grandiose. Un morceau de star jusqu’au bout des ongles.
Mary Jane Holland
Les références à l’herbe et à l’alcool sont sinistres et reflètent une fois de plus le côté superficiel d’une artiste qui n’est toujours pas redescendue de son nuage, prisonnière du dilemme entre la mega star lisse et trash. Heureusement, le morceau est diaboliquement efficace, jusque dans ses emprunts à la comédie musicale. Gaga à son paroxysme ? Mais avec tous les défauts qui définissent la star.
Dope
0
4e titre promo à avoir été extrait de cet album, dont on ne sait plus quels sont les vrais singles. Il s’agit de la seule chanson "molle" de l’album, toujours détraquée du texte. Elle démontre une fois de plus la difficulté de la chanteuse à faire poindre la flamme d’émotion nécessaire pour que l’on puisse prendre ses sentiments au sérieux. Sa voix, au timbre spécial, est poussée à des sommets qui assimilent à nos oreilles ses geignements à des déblatérations de gueularde exaspérante. Et puis, I need you more than dope, il fallait l’oser. Ce ne sont pas les ados qui habituellement écrivent des sornettes pareilles ?
Gypsy
De la variétoche, musicalement digne d’un Mylène Farmer à la musique de vieille cavalerie... C’est assez inaudible. L’écoute est toutefois sauvée encore par ce type de trouvailles que la chanteuse affectionne, avec des détours drôlissimes par des chemins dévoyés, ici un refrain où elle énumère les nationalités pour finir sur I’m a gypsy. Sa copine Madonna sera ravie de la voir soutenir la cause tzigane qui lui est si chère.
Applause
Le premier single, une déception commerciale dans le monde entier sauf aux USA où le titre a cartonné en radio (et cartonne encore !). Ce n’était pas un choix fulgurant et ne donnait d’ailleurs pas le ton d’un album qui méritait meilleure parure. La musique est indigente et la mélodie a beau être efficace, elle n’efface pas la fatuité de l’artiste en mode auto-victime.
aVoir-aLire en quête de nouvelles plumes : ICI
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