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Le 10 novembre 2004
Un petit air de déjà lu heureusement effacé par les dernières pages poignantes et lumineuses.
Un petit air de déjà lu heureusement effacé par les dernières pages poignantes et lumineuses.
Après sa trilogie (Pastorale américaine, J’ai épousé un communiste, La tache) avec laquelle Philip Roth semblait s’être donné pour mission de capturer l’Amérique tout entière - et à travers elle, le monde moderne - ce court roman commence par déconcerter.
Philip Roth y reprend le personnage de David Kepesh, déjà croisé dans Professeur de désir et Le sein, pour développer un thème à première vue ressassé : le désir d’un professeur d’université vieillissant pour sa jeune élève au corps sublime. Les pages qui décrivent en détail la rencontre et les ébats de ce non-couple très "rothien" ou encore celles qui étalent les obsessions du professeur familières aux lecteurs assidus de Roth ont beau être traversées de fulgurances propres à cet écrivain virtuose, elles peuvent agacer. On a presque l’impression que l’auteur s’amuse à nous resservir ses ingrédients favoris avec la certitude de nous charmer ; parce que c’est lui, parce que c’est nous...
Et puis la belle étudiante reparaît huit ans après leur aventure, rongée par un cancer... du sein et tout le récit est comme révélé. Consuela a représenté la vie, de toute sa chair pleine et vibrante, de toutes ses courbes sublimes que Kepesh ne supportait pas de partager et voilà qu’elle lui revient avec la mort lovée en elle. Et c’est à lui seul qu’elle se livre ; parce qu’il fut l’amant, certes, et qu’elle veut lire encore dans son regard d’homme mûr sa beauté menacée, mais aussi parce qu’il représente pour elle le père et le compagnon - lui qui a toujours refusé d’attacher son destin à celui d’une femme !
Les dernières pages, où Consuela et David franchissent le tournant redouté du siècle rivés l’un à l’autre, deux enfants perdus face à l’horreur absolue de la mort, sont d’une beauté sombre et fragile. La mort possible de son ancienne maîtresse - qui a incarné la perfection physique et la vie palpitante - est une idée monstrueuse pour celui qui a tant désiré cette femme. Mais on entend presque une voix de petit garçon apeuré lui souffler "Ce n’est pas encore ton tour. Tu ne vas pas mourir toi, pas tout de suite." Et cette voix douce-amère, apaisante et terrible, qui ne l’a pas entendue face à la disparition d’un être proche ?
Philip Roth, La bête qui meurt (The dying animal, traduit de l’anglais par Josée Kamoun), 2004, Gallimard, 137 pages, 14,50 €
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