La chute de la maison US
Le 23 mai 2018
Le roman puissant, inspiré et fascinant de la désintégration d’un mythe.


- Auteur : Philip Roth
- Editeur : Folio
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine

L'a lu
Veut le lire
– Philip Roth est mort à l’âge de 85 ans, le 23 mai 2018
Résumé : Après trente-six ans, Zuckerman l’écrivain retrouve Seymour Levov dit "le Suédois", l’athlète fétiche de son lycée de Newark. Toujours aussi splendide, Levov l’invincible, le généreux, l’idole des années de guerre, le petit-fils d’immigrés juifs devenu un Américain plus vrai que nature. Le Suédois a réussi sa vie, faisant prospérer la ganterie paternelle, épousant la très irlandaise Miss New Jersey 1949, régnant loin de la ville sur une vieille demeure de pierre encadrée d’érables centenaires : la pastorale américaine. Mais la photo est incomplète, car, hors champ, il y a Merry, la fille rebelle. Et avec elle surgit dans cet enclos idyllique le spectre d’une autre Amérique, en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainte Angela Davis, des rues de Newark à feu et à sang...
Le roman : Avec l’histoire de Seymour Lvov dit le Suédois, son vingt-deuxième livre et le premier volet de sa trilogie américaine [1], Philip Roth, au sommet de sa forme, obtenait (enfin) le Pulitzer. Il y investigue, par le truchement de Nathan Zuckerman, son alter ego omniprésent dans son oeuvre, dans les deux décades les plus corrosives de l’histoire des Etats-Unis, celles des années 60-70. Modèle de réussite et d’intégration, ancien héros sportif au parcours familial et professionnel sans faute, tolérant, respectueux, libéral, raisonnable, responsable, le Suédois verra son monde s’écrouler. Et qui détruira sa vie ? Sa propre fille, radicale poseuse de bombes contre la guerre du Vietnam.
- spip-bandeau
Dans un style formidable de mordant et de vigueur, Roth fouille jusqu’aux tréfonds l’âme de ce père ayant engendré une meurtrière. Il décrit, plein de compassion, la rage, l’humiliation, la frustration et l’angoisse d’un homme qui a fait "tout juste" et ne comprend pas les raisons de cette malédiction qui le frappe par surprise. Conservant au prix d’efforts surhumains une façade de dignité, "lisse dehors et tourmenté dedans", le Suédois erre de manière schizophrène entre une Amérique élégiaque, cossue et bucolique, et des bas-fonds répugnants où rôde la mort violente. Dépouillé de toutes ses certitudes, il assiste, impuissant, à sa propre chute, en même temps qu’à la "vandalisation" de son pays, sur fond de Watergate et d’émeutes sanglantes. C’en est bien fini de l’Amérique idyllique et vertueuse où sa famille a triomphalement pris racine. Pastorale américaine, roman du chaos intérieur et de la désintégration d’un mythe : une œuvre inexorablement noire, puissante, inspirée et fascinante.
LE FILM
Philip Roth, Pastorale américaine (American pastoral, traduit de l’américain par Josée Kamoun), Folio
Parution : 2001