Le 16 février 2024
Le troisième long métrage de la réalisatrice est une chronique honnête sur l’univers des reporters, portée par un casting de qualité.


- Réalisateur : Alix Delaporte
- Acteurs : Vincent Elbaz, Roschdy Zem, Pascale Arbillot, Grégoire Leprince-Ringuet, Guillaume Marquet, Alice Isaaz, Maxime d’Aboville, Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h23mn
- Date télé : 25 avril 2025 21:00
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 14 février 2024

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Résumé : Gabrielle, trente ans, intègre une prestigieuse émission de reportages. Elle doit très vite trouver sa place au sein d’une équipe de grands reporters. Malgré l’engagement de Vincent, leur rédacteur en chef, ils sont confrontés au quotidien d’un métier qui change, avec des moyens toujours plus réduits, face aux nouveaux canaux de l’information. Habités par leur passion pour la recherche de la vérité, leur sens de l’humour et de la solidarité, ils vont tout tenter pour retrouver la foi de leurs débuts et se réinventer.
Critique : Vivants est le troisième long métrage d’Alix Delaporte dont on avait apprécié les délicats Angèle et Tony et Le dernier coup de marteau. A priori, le présent film pourra sembler différent des univers intimistes et provinciaux des opus précédents, qui s’inscrivaient davantage dans la veine du cinéma des Dardenne ou de Pialat. L’univers médiatisé du reportage télévisé et la présence de protagonistes évoluant surtout au cœur de la capitale ne permettent pas d’emblée de retrouver le style de la réalisatrice. Et ce d’autant plus qu’elle s’est entourée de scénaristes chevronnés davantage adeptes d’un cinéma calibré. C’est le cas de Jeanne Herry, à qui l’on doit les didactiques (mais au demeurant réussis) Pupille et Je verrai donc vos visages. Soit donc une jeune reporter (faussement) candide qui réussit à trouver un stage dans une équipe de reporters partagés entre la nécessité de trouver des sujets choc source d’audience et la volonté de respecter une certaine éthique. Les dialogues sont parfois maladroits et démonstratifs et Alix Delaporte dans son projet de mini-récit choral et de chronique du journalisme n’a certes pas l’envergure d’Alan J. Pakula dans Les hommes du président ou du Sidney Lumet de Network.
- Copyright Pyramide Films
On déplorera ainsi un débat télévisé caricatural autour du budget des hôpitaux ou une ébauche d’idylle improbable entre la reporter en herbe (impeccable Alice Isaaz) et son rédacteur en chef (Roschdy Zem, égal à lui-même). Pourtant, Vivants a d’indéniables qualités. En premier lieu, le thème de la communauté d’accueil, traité avec finesse, fait écho aux problématiques des chroniques familiales d’Alix Delaporte. Ensuite, la réalisatrice utilise avec sincérité sa propre expérience, elle qui avait fait ses débuts comme journaliste-caméraman à l’agence Capa. Elle déclare ainsi dans le dossier de presse : « Je voulais un film choral. Une agence de presse audiovisuelle, c’est un lieu que je connais, un monde que je pouvais faire exister et faire découvrir. Entre les grands reporters et les journalistes qui font des contenus plus courts et plus immédiats, il y a des tensions. C’est un terrain de jeu propice à la dramaturgie et qui permet de s’attarder sur des personnages secondaires. Dans l’agence, les personnages secondaires, ce sont ces métiers qui soutiennent les journalistes, comme les monteurs ou le responsable du matériel. Tous ont un rôle essentiel dans ce collectif qu’est la rédaction. Ce lieu existait dans mes souvenirs et dans le scénario. Le chef décorateur Nicolas de Boiscullié l’a ensuite créé de toutes pièces, il l’a rendu vraisemblable et surtout il a réussi à lui donner une âme. C’est un appui de jeu phénoménal pour les acteurs et pour le film ».
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Par ailleurs, le scénario et la mise en scène évitent le sensationnalisme, privilégiant un hors champ suggestif. Enfin, le casting est au top. Outre les interprètes précités, il faut souligner la qualité de jeu de Pascale Arbillot, mais aussi des trop peu connus Pierre Lottin et Jean-Charles Clichet. Au final, Vivants est un film estimable qui mérite un détour.