Le 9 juin 2015
- Scénariste : Nubomi>
- Dessinateur : George MORIKAWA
- Genre : Chronique sociale, Shonen
- Editeur : AKATA
- Famille : Manga
Des paysages détruits, des gens affaiblis mais saisissants, une ode à l’entraide et à la philosophie, il y a beaucoup de choses à voir dans le manga de George Morikawa.
Résumé :
Le 11 mars 2011, un tremblement de terre de 9 degrés sur l’échelle de Richter frappe le Japon, déclenchant un tsunami catastrophique pour l’île. Nobumi, auteur d’albums pour enfants, de Tokyo, décide de se joindre à un groupe de bénévoles pour se rendre dans la province ravagée de Fukushima. Sur place, tout n’est pas comme le jeune illustrateur l’avait imaginé.
Notre avis :
Ouvrage collectif et fraternel, Je reviendrai vous voir dépasse les frontières du Japon. Si le tsunami de 2011 est le point de départ de l’histoire (vraie) d’un dessinateur nippon d’albums jeunesse, cette catastrophe naturelle rappelle toutes celles qui ont suivi, depuis les inondations françaises jusqu’au tremblement de terre népalais. Et cette courte fresque réaliste peut parler à tous les peuples, qui sont les mêmes lorsque la planète reprend le dessus : des gens perdus, blessés, traumatisés... mais aussi des gens forts, résistants, redevenus de simples humains, comme remis à nus par la nature. Si certains passages montrent des personnages un poil trop enthousiastes, qui semblent hurler pour dire des choses simples, l’atmosphère se révèle du début à la fin poignante et malgré tout concrète.
© Akata
Le héros Nobumi est un vrai auteur de livres pour enfants, père de famille engagé qui a décidé de partir proposer son aide en mars 2011. Son récit a été illustré par George Morikawa, qui a également fait appel à une flopée de dessinateurs mangas (Kôji Seo, HideoNishimoto, Miki Yoshikawa...) pour collaborer sur un ouvrage humanitaire. Un personnage sur une page, une scénette sur un coin, sans que l’on s’en aperçoive vraiment chacun des auteurs pose sa patte sur l’œuvre, et donne finalement le sentiment d’une réelle fraternité. Le témoignage final des auteurs renforce cette impression de désintéressement et de charité vrais, qui font de Je reviendrai vous voir quelque chose qui dépasse le simple manga.
Pour parler de l’œuvre en elle-même et non plus du contexte, il convient de souligner la force graphique : en noir et blanc, la désolation est saisissante, frappante comme un bloc de béton qui s’écrase. La mer et la terre qui se croisent, les bâtiments éventrés, le sol dégoûtant, tout est lié dans un monde dévasté. En cela, un court moment du livre montre bien ce travail éreintant et peu récompensant. Arrivés dans une maison de retraite à demi submergée par une eau croupie venue des égouts, pas de victimes ou de larmes, il s’agit simplement de laver le sol d’une boue noire qui n’en finit pas de coller au bâtiment. Ce n’est pas glorieux, ce n’est pas émouvant, mais cela doit être fait. Tout comme les réactions des sinistrés varient, les émotions du héros (je le rappelle, qui a bien vécu ces émotions !) sont chamboulées par l’ampleur du désastre et la force mentale des habitants.
Ode à la mémoire autant qu’à l’avenir de l’humanité, Je reviendrai vous voir est un manga appliqué, sans aventures fantastiques. Bien au contraire, et c’est là sa force, c’est une œuvre réaliste, qui montre à sa façon l’envers des reportages « direct-live » dont nous abreuvent les chaînes d’infos lorsque survient une catastrophe malheureuse n’importe où dans le monde. On ne peut qu’espérer que cette collaboration ne se limitera pas à ce simple one-shot...
180 pages - 6,95 €.
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Galerie photos
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