Le 8 juillet 2024
- Scénariste : Bonaventure>
- Dessinateur : Bonaventure
- Genre : Drame, Science-Fiction, Anticipation
- Editeur : Casterman
- Famille : Comics, Roman graphique
- Date de sortie : 3 avril 2024
- Durée : T.1
Un prélude étincelant à l’album d’anticipation dystopique déjà haletant.
Résumé : Peu de temps avant la chute de Kosmograd, les destins de deux jeunes femmes se joue au sein de l’enclave contrôlée par la Corporation : Zoya est une réfugiée climatique et c’est une vie de clandestine qui l’attend, tandis que Manavi tente de s’intégrer en passant par le circuit scolaire...
Critique : Avec Kosmograd, Bonaventure avait livré un récit sombre achevé, sans trop d’espoir mais avec réalisme et émotion, mais on sentait qu’il y avait d’autres choses à dire, d’autres éléments à creuser, d’autres pistes à explorer. Plutôt que d’imaginer une suite à une catastrophe d’un monde qui l’a déjà connu, il a donc envisagé de raconter le prélude à cette chute, partant donc de l’avant plutôt que de continuer l’après. Un pari salutaire et très bien disséqué par la dualité de ses deux héroïnes, aussi différentes par leurs parcours que par leurs physiques et caractères. Dans un monde étriqué et sécuritaire, l’un provient de la foule des réfugiés climatiques, immigrés de force et donc forcés de subir, contourner, jusqu’à outrepasser une violence continuelle. Une fois dans l’enceinte de Kosmograd, elle va se cacher, mais aussi retrouver (pas encore croiser) les routes empruntées par l’autre Manavi, elle confrontée à une violence verbale, sournoise, plus latente que visible, entre ceux qui sont nantis et assurés d’être confortables et elle qui doit étudier, courber l’échine et s’adapter à un monde qui la rejette sans le dire vraiment, ou du moins pas officiellement. Dans cette cité ultra-moderne et ultra-catégorisée, dans un fascisme néo-libéral qui semble devoir prendre le pas sur un avenir humaniste et progressiste, Kosmograd nous renvoie tout ce qu’il y a de nauséabond dans les choix d’une société quand il s’agit de traiter les humains, et ce scénario le montre tout particulièrement.
- © Casterman / Bonaventure
Pour étayer cette double narration, un choix de couleurs clivant est la première solution, mais elle n’est pas la seule. Les personnages ont des traits (les yeux, les postures) qui se ressemblent assez, et d’ailleurs si les tons divergent (plus ocres, plus chauds d’un côté pour montrer le confort et la nourriture à disposition, plus froids et plus durs pour montrer le manque, la peur de l’autre), un voile neutre semble envelopper l’album dans sa totalité, comme si les salles de classe high tech ne devaient pas être plus attirantes que les couloirs d’un container tiré d’un bidonville, car les deux jouent un rôle sur un même échiquier, le premier ne faisant que tirer profit de l’autre. Il y a en effet dans Kosmograd l’idée que la richesse et le clinquant ne doivent pas être vus comme géniaux, sublimes et incontournables, ce que les réseaux sociaux ne cessent désormais d’amplifier aujourd’hui, mais bien comme une conséquence ou une cause de ce qui se trame dans les niveaux de pauvreté et de rejet qui entourent ces îlots brillants.
- © Casterman / Bonaventure
Ce premier tome d’Avant la Chute est un prélude spécial et captivant, reprenant les codes de la dystopie qui avait fait le succès de Kosmograd pour les réactiver, les détailler et les amplifier, faisant de ce préquel une œuvre à part et peut-être même supérieure à l’original.
88 pages – 20 €
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Galerie photos
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