Le 5 septembre 2015
- Durée : 1h15mn
- Plus d'informations : Le site du Lucernaire
Le Beineix de Diva vous manquait ? Aujourd’hui, c’est à la mise en scène d’une biographie musicale éclatante qu’il revient nous étonner en cette rentrée.
Le Beineix de Diva vous manquait ? Aujourd’hui, c’est à la mise en scène d’une biographie musicale éclatante qu’il revient nous étonner en cette rentrée.
L’argument : Montparnasse, années 20, l’atelier d’un peintre, une femme enfile ses bas... Elle se souvient : Kiki de Montparnasse, "Modèle" d’une révolution qui impose de nouveaux critères à l’art et au monde. Kiki de Montparnasse, effrontée, libre, pose nue pour les peintres Fujita, Modigliani, Soutine… Elle chante, peint, danse, anime des soirées de folie. Man Ray, l’œil exercé, "trouve son physique irréprochable de la tête aux pieds", il en fait son égérie, elle, son amant. En un cliché, il l’immortalise. Kiki croise les poètes, les écrivains du temps, Hemingway devient son ami. De la Coupole à la Rotonde, du Jockey au Bar Dingo, muse amoureuse endiablée, de New-York à Berlin, Kiki s’étourdit, brûle sa vie et trace en lettres d’or le destin d’une légende du Montparnasse.
Notre avis : Quatorze ans déjà... Beineix, le chantre de l’esthétique pub des années 80, réalisateur des oeuvres cultes Diva, La Lune dans le caniveau et surtout de 37°2 le matin (1986), le choc générationnel qui révéla Béatrice Dalle, n’a plus tourné de fiction depuis Mortel Transfert en 2001, où il retrouvait Jean-Hugues Anglade. Un échec.
L’actualité de l’auteur se résume depuis à des documentaires et à la sortie en DVD de ses longs dans de belles éditions qu’il supervisa, à l’occasion desquelles nous avions pu le rencontrer.
Aujourd’hui, c’est au théâtre que l’auteur intransigeant fait son retour. Loin du star system et des caprices de l’industrie qui ne l’a pas toujours épargné, il nous a dévoilé lors de la première, le samedi 29 août, sur les planches du Lucernaire, en homme farouchement libre, Kiki de Montparnasse, un étonnant biopic sur l’idole du tout Montparnasse des Années Folles.
Le drame musical, tantôt drôle, léger, mais abîmé par les traumas de jeunesse et le poids du passé de cette personnalité charismatique du Paris bohème, est habité par les talents pluriels de la comédienne Héloïse Wagner, qu’il dévoile dans un bain de lumières qui sont autant de clin d’oeil à ses oeuvres cinématographiques. L’actrice, à moitié nue, devient l’égérie intemporelle d’une sensualité sémillante, jamais vulgaire. Elle est Kiki, dans la jeunesse et la vieillesse, et elle compose sans se forcer l’ingéniosité d’une femme amoureuse de la vie, qui va peu à peu sombrer dans l’addiction, la dépression...
La comédienne chante, aussi bien qu’elle joue ; elle habille l’espace de sa plastique de danseuse, aux jambes géométriques, mais surtout de sa voix, toujours dans la justesse, alors que se succède des numéros musicaux, au nombre de 14, disponible chez Milan records, subtilement chorégraphiés, avec la grâce et la dignité d’une chanteuse de cabaret qui, rarement, aura eu à son compromettre. Pour elle, l’amour était gratuit...
Avec le regard débordant de fascination pour ce personnage extravagant et la puissance de jeu de son interprète, Beineix est conscient qu’il tient le bon sujet, mais aussi la bonne comédienne. La scénographique n’a donc aucune raison d’être plus sophistiquée qu’il ne le faut. Un appartement aux allures d’atelier de peintre (la grande dame cotôya beaucoup de grands artistes comme Man Ray, mais surtout beaucoup de peintres tel qu’Utrillot, Soutine et un certain Modigliani, dont elle chante la vie de bohème engourdie par l’alcool qui précipita son trépas), quelques néons qui aiment virer au bleu nostalgie de Betty Blue (titre anglais de 37°2), et un écran qui diffuse des images animées pas toujours des plus convaincantes, mais la volonté est celle d’imposer une fausse simplicité, pour ne pas faire d’ombre à l’existence bipolaire de Kiki, entre grands bonheurs festifs de noctambule endurcie, et déceptions amoureuses qui ravivent les plaies d’un passé familial compliqué.
Pour ce petit bonheur musical, Beineix a su s’accompagner de grands talents, celui du parolier mythique Frank Thomas (Polnareff, Joe Dassin, Chamfort, Hugues Aufray...) et du célèbre compositeur Reinhardt Wagner. Les deux compères trouvent le ton et les mots pour asseoir une émotion vive qui atteint un paroxysme exaltant en toute fin. Egalement sur scène, deux musiciens accompagnent l’héroïne dans sa solitude d’une biographie de rêve.
Pour Beineix, une fois de plus, la reconversion est donc une patente réussite.
Kiki de Montparnasse, mise en scène de Jean-Jacques Beineix
Chansons : Frank Thomas
Musique : Reinhardt Wagner
Avec : Héloïse Wagner
Accompagnée par : Rémi Oswald ou Jean-Yves Dubanton et Rodrigue Fernandes
Assistante mise en scène : Manon Elezaar
Chorégraphie : Corinne Devaux
Vidéo : Christian Archambeau / Jean-Jacques Beineix
Du 29 août au 18 octobre 2015
Du mardi au samedi à 21h30
Dimanche à 19h
Galerie photos
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