Le 24 août 2015
Retour sur la carrière de Jason Blum, gourou de l’épouvante bon marché aux effets sismiques garantis, sur le box-office du moins.
Retour sur la carrière de Jason Blum, gourou de l’épouvante bon marché aux effets sismiques garantis, sur le box-office du moins.
Jason Blum, producteur hyper actif dans le domaine de l’épouvante bon marché via sa société Blumhouse Productions, était encore d’actualité ce week-end aux USA avec la sortie de Sinister 2, qui battait, avec moins de salles, les sorties pugnaces Hitman Agent 47 et American Ultra, qui, au final, ont fait pschitt. Avec 10.6M$ glanés en 3 jours dans plus de 2.700 cinémas, le sequel a réalisé un démarrage correct, pourtant loin d’égaler les 18M$ dans 2.527 cinémas du premier titre qui était sorti en 2012, avec Ethan Hawke dans le rôle principal (45M$ en fin de carrière).
Le producteur malin a connu ses plus gros succès personnels avec la franchise liée à Paramount Paranormal activity. Démarré en 2009, le found-footage en série a franchi par deux fois la barre symbolique des 100M$ (le 1 et le 3), et peut se targuer d’un 2e chapitre à 84M$. Phénoménal. Ces minuscules produits comptent parmi les aventures hollywoodiennes les plus rentables de l’histoire, au même titre que Saw ou Le Projet Blair Witch.
L’autre titre de gloire du producteur réside dans sa collaboration avec James Wan de la franchise Saw : le surnaturel Insidious lui a permis de dépasser les 50M$ malgré un petit démarrage à 13M$, en 2011. Un volume 2 (83M$) et 3 (52M$) ont emmené les spectateurs un peu plus loin dans le rire et l’effroi, avec malheureusement, à chaque fois, une perte qualitative indéniable.
The Purge est l’autre belle séquence de la carrière de Jason Blum : deux films plus hardcore dans le sujet, à plus de 64M$ pour le premier volet, avec Ethan Hawke, et à 71M$ pour le second. James DeMonaco réalise actuellement un 3e volet pour une livraison estivale, en 2016.
Particulièrement actif en 2015, Blumhouse a aligné les cartons à destination du public adolescent : Ouija, sorti en fait aux USA en octobre 2014 et en avril 2015 en France, a achevé sa brillante carrière à 50.8M$ malgré une étiquette de navet. Unfriended a convié dans son tchat malfaisant des millions de spectateurs avec 32M$ aux USA.
Le thriller domestique avec Jennifer Lopez, Un voisin presque parfait a étonné avec ses 35M$ de recettes, alors qu’il s’agissait d’une série B molle, avec une star sur le déclin en tête d’affiche. On y retrouvait aussi la présence de l’une des vedettes de Sexy Dance 4 & 5. Et en août, entre Insidious 3 et Sinister 2, c’est bien The Gift, première réalisation de l’acteur Joel Edgerton (Animal Kingdom, Exodus), avec Jason Bateman, Rebecca Hall, qui a impressionné avec plus de 31M$.
Produits pour des budgets inférieurs à 10M$, une recette qui lui permet de réduire les risques et de normaliser ses rapports avec les nababs d’Hollywood, ses productions peuvent se permettre des aléas divers : on se souvient des déconvenues relatives de Lazarus Effect (25M$ en février), Gallows (22M$, cet été), et surtout de Jessabelle que Lionsgate a dû exploiter en VOD à l’automne 2014.
Mais Blum a d’autres cordes à son arc. Whiplash, qui sortait du genre stigmatisé de l’épouvante adolescent, est peut-être paradoxalement l’un de ses scores personnels les plus bas aux USA (13M$), mais c’est surtout son film le plus prestigieux dans un répertoire de pétoche qui sent tout de même la gros ficelle cheap. Coproduit par Jason Reitman, l’électrochoc de Damien Chazelle a tout de même été nominé à l’Oscar du Meilleur Film, et est reparti avec 3 statuettes (le son, le montage et le Meilleur second rôle masculin pour J.K. Simmons).
Désormais millionnaire, la main mise sur le cinéma de genre, Blum a des bébés plein la couveuse. Des sequels comme la fin de la saga Paranormal activity en octobre, ou Ouija 2, un reboot d’Amityville par le pote d’Aja Franck Khalfoun, une adaptation risquée d’une série d’animation (Jem and the Holograms pour Universal, en octobre), et de nouveaux hits improbables, dont The veil avec Jessica Alba, par Phil Joanou, ou encore In The Valley Of Violence de Ti West.
Alors, est-ce qu’en 2016, ce digne héritier de Roger Corman dans son attachement au cinéma d’horreur et aux budgets étriqués, aura autant de flair ? En tout cas, de Warner à Paramount, les plus grands studios l’accompagnent dans ses sorties, et semblent toujours prêts à répondre présents. En quête de nouvelles franchises solides (celles d’Insidious et de Paranormal se sont achevées, a priori, cette année), Blumhouse Productions devra plus que jamais répondre aux attentes désormais élevées autour de ses miracles de box-office. Sa présence toujours plus forte dans le domaine de la VOD devrait conforter sa puissance de frappe par l’omniprésence, au risque de lasser ? A l’instar des sagas estampillées ados comme Freddy, Vendredi 13, Scream ou Saw en leur temps, Jason Blum le sait, les modes vont et viennent, et sa fâcheuse tendance au found-footage pourrait bien, un jour, lui coûter son trône du producteur le plus cool d’Hollywood.
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