Le 7 novembre 2024
Le tournage d’un tournage pour démystifier le monde du cinéma et n’en faire qu’un lieu de travail comme un autre. Malin et drôle !
- Réalisateur : Cédric Kahn
- Acteurs : Denis Podalydès, Valérie Donzelli, Xavier Beauvois, Emmanuelle Bercot, Jonathan Cohen, Souheila Yacoub, Stefan Crepon, Thomas Silberstein
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 7 novembre 2024 22:21
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 10 janvier 2024
- Festival : Festival de Venise 2023
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Résumé : Simon, réalisateur aguerri, débute le tournage d’un film racontant le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles de son producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran, il est vite dépassé par les événements. Abandonné par ses financiers, Simon doit affronter un conflit social avec sa propre équipe. Dans ce tournage infernal, son seul allié est le jeune figurant à qui il a confié la réalisation du making of.
Critique : Décidément, Cédric Kahn n’en finit plus d’enchaîner les succès. Après l’excellent Procès Goldman salué tant par la presse que le public, il nous invite cette fois dans les coulisses du cinéma. Tordant le cou aux fantasmes de tous poils, il démontre, avec un plaisir communicatif , que tous ceux qui « travaillent dans le cinéma » ne sont pas que des nantis, des pistonnés, ou des fils de... mais bien plutôt du petit personnel soumis aux mêmes aléas que les ouvriers de n’importe quel secteur industriel. Pour parfaire sa démonstration, il n’oublie pas de parsemer le tout de quelques messages sur la lutte sociale et le délitement du sens du collectif.
- Copyright David Koskas
Simon (Denis Podalydès) est un réalisateur réputé. Il a à peine entamé son nouveau tournage que les problèmes s’accumulent. Les producteurs jugent la fin trop sinistre et craignent qu’elle ne les prive d’une partie du public et donc de rentrées financières conséquentes. Ils en exigent la modification, faute de quoi ils menacent de se retirer du projet. Imbroglio d’autant plus inextricable que l’un des producteurs (Xavier Beauvois), impeccable de mauvaise foi, a déjà trafiqué le scénario initial. Simon, quant à lui, n’a aucune envie d’édulcorer son réquisitoire politique et social en faveur des laissés-pour-compte.
- Copyright David Koskas
Quand les difficultés financières menacent la suite du tournage, l’énergique directrice de production (Emmanuelle Bercot) le somme de prendre ses responsabilités, tandis que son comédien principal (Jonathan Cohen) en profite pour jouer la star, laissant dubitative sa jeune partenaire (Souheila Yacoub), et que l’équipe technique se met en grève. Notre réalisateur est au bord de la déprime d’autant que sa femme, lassée de ses absences répétées, est sur le point de le quitter. Témoin du naufrage, un jeune pizzaïolo (Stefan Crepon), qui n’a d’autre ambition que d’intégrer le milieu du cinéma, d’abord engagé comme figurant, est soudain promu au rang de réalisateur du making of et maintient le navire à flot.
Ça va vite. Ça part dans tous les sens. Entre fiction et réalité, mieux vaut être attentif à ne pas perdre le fil. Pourtant, c’est bien cet entrelacement de scènes apparemment réelles et de séquences visiblement fictives qui donne toute sa saveur à l’histoire, dès lors qu’un cinéaste bien décidé à dénoncer la violence faite à des travailleurs impose les mêmes contraintes à ses techniciens. Bâtissant son film autour de trois chapitres (la solitude du réalisateur, le combat des ouvriers qui projettent de reprendre leur usine en autogestion, la captation de l’envers du décor vu à travers le prisme des jeux de pouvoir et d’argent), Cédric Kahn articule avec maestria les différentes intrigues. Les multiples discussions, la cohabitation de points de vue aussi divers que variés et la présence de binômes contrastés tendent à percer au plus juste les arcanes de ce microcosme cinématographique, identique à tant d’autres, sans cynisme ni manichéisme. Sous une apparente légèreté, cette comédie pose de nombreuses questions sans avoir vocation à y répondre, puisqu’elle se veut délibérément plus divertissante que pédagogique.
- Copyright David Koskas
Enfin, le treizième long-métrage de Cédric Kahn bénéficie d’un casting de haute volée. De Xavier Beauvois qui se régale et nous régale dans la peau du producteur véreux à Jonathan Cohen au jeu bien plus subtil qu’il n’y paraît, en passant par la tendre et gracieuse Souheila Yacoub, la charismatique Emmanuelle Bercot et le toujours parfaitement juste Denis Podalydès. Mais la palme revient sans aucun doute à Stefan Crepon déjà remarqué en 2018 dans La prière de Cédric Kahn, puis tout récemment dans Peter von Kant de François Ozon.
Alors certes la vie, ce n’est pas du cinéma, mais il arrive que le cinéma soit la vie !
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