Le 22 février 2023
Entre beauté mystique et nature sauvage, Cédric Kahn décrit avec une infinie pudeur le combat douloureux et rédempteur d’un jeune homme aux prises avec la vie.
- Réalisateur : Cédric Kahn
- Acteurs : Alex Brendemühl, Hanna Schygulla, Damien Chapelle, Louise Grinberg, Magne-Håvard Brekke, Anthony Bajon, Stefan Crepon, Birane Ba
- Genre : Drame social
- Nationalité : Français
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 22 février 2023 20:55
- Chaîne : Arte
- Box-office : 223.486 entrées France / 55.160 entrées PP
- Date de sortie : 21 mars 2018
- Festival : Festival de Berlin 2018
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Résumé : Thomas a vingt-deux ans. Pour sortir de la dépendance, il rejoint une communauté isolée dans la montagne tenue par d’anciens drogués qui se soignent par la prière et le travail. Il va y découvrir l’amitié, la règle, l’amour et la foi.
Critique : Sa filmographie nous le prouve : Cédric Kahn nourrit un intérêt tout particulier pour ceux qui choisissent de mener une vie hors système, les cabossés de la vie, les rêveurs, qu’il se plaît à placer au cœur d’une nature synonyme de liberté et de sérénité comme on a pu le voir dans Vie sauvage en 2014.
Si ce nouveau long-métrage présente la foi comme le chemin possible vers un renouveau de la vie, c’est surtout la force de la fraternité sous-tendant l’intégralité du récit qui lui donne toute son intensité.
- Copyright Le Pacte
Le visage balafré, le regard perdu, un jeune homme, presque encore un adolescent, rejoint une communauté isolée dans un coin de montagnes. Y ont atterri des garçons de tous horizons et de tous pays, très croyants ou au contraire récalcitrants à la religion mais qui ont tous en commun de souffrir d’une solitude absolue et d’une grande détresse affective. Si ce lieu du plateau de Trièves, mélange de beauté et rudesse, est magique, les conditions d’accueil sont spartiates pour ne pas dire carcérales : confiscation des effets personnels, fouille réglementaire, chevelure coupée au plus court. Ici, tous les instants sont consacrés au travail, au partage et à la prière. Autant dire qu’à la rudesse, ils vont devoir s’y confronter quotidiennement pour un jour espérer accéder à la beauté d’être enfin en paix avec soi-même. Privés de toute distraction et de tout contact avec l’extérieur, taraudés par l’envie de se retrouver seuls (ce qu’interdit formellement le règlement) et la certitude de vouloir renouer avec leurs anciens démons, ils n’ont d’autre choix que de travailler à la reconstruction du lien social. Thomas (Anthony Bajon), figure emblématique de tous ces jeunes paumés, est encadré par Pierre (Damien Chapelle), plus âgé et désormais bien engagé sur la voie de la rémission qui le surveille avec une attention de mère poule. Une banale histoire de cigarette met le feu aux poudres et pousse le jeune en révolte à trouver refuge dans cet espace de liberté qu’est le village voisin. Sa rencontre avec Sybille (Louise Grinberg), une jeune femme sensible et équilibrée, modifie irrémédiablement sa trajectoire et sa façon de penser.
- Copyright Le Pacte
Au service d’une mise en scène ascétique, la caméra témoigne avec discrétion et neutralité de ces tensions exacerbées et de ces épreuves douloureusement endurées, alternant méthodiquement soubresauts violents et rituels religieux. Pragmatique, le réalisateur place le spectateur à bonne distance de son personnage, évitant ainsi à toute note romanesque de venir brouiller les pistes et laisse à chacun la faculté d’asseoir sa propre conviction. Une scène de fête estivale réunissant garçons et ces filles et laissant à chacun le soin de dérouler son parcours chaotique nous convainc définitivement de ses questionnements quant au résultat escompté face à cette thérapie mystique.
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Mais finalement, ce que l’on retient surtout de cet hymne au dépassement de soi, c’est la force de persuasion d’Anthony Bajon (déjà vu dans Les Ogres) dont le visage est capable de transmettre avec la même évidence la rage destructrice et la candeur enfantine. S’il est de toutes les scènes, ses partenaires de souffrance dont l’impeccable Damien Chapelle forment avec lui un groupe homogène dont on suit avec intérêt les tourments. Ce casting déjà bien étayé est généreusement complété par la prestation du charismatique Alex Brendemühl et encore bien plus par la présence de l’excellente Hanna Schygulla qui, entre autorité et douceur, sert juste à point le personnage de la Sœur. Enfin, le cadre du plateau de Trièves en Isère, espace d’isolement et d’éternité, entouré de montagnes à 360°, nourrit sans conteste ce mystère entretenu autour de la rédemption réelle ou illusoire de son héros et laisse toute latitude à l’imaginaire des spectateurs.
– Berlinale 2018 : Ours d’argent meilleur acteur pour Anthony Bajon
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