Le 12 septembre 2022
- Acteur : Pierre Deladonchamps
- Plus d'informations : Le site du Festival
- Festival : Festival de Deauville 2022
Membre du jury du Festival du cinéma américain de Deauville, l’acteur Pierre Deladonchamps a accepté de répondre à nos questions en marge de l’événement.
- Pierre Deladonchamps © 2022 Fabrice Prieur. Tous droits réservés.
AVoir-ALire : Avant Deauville, avez-vous déjà participé à un jury de festival ?
Pierre Deladonchamps : Oui, j’ai déjà été invité à quelques festivals. Le dernier en date, c’était cette année à Cannes où j’étais dans le jury de "L’Œil d’Or" (*) qui décerne le prix du meilleur documentaire. Ce qui m’a beaucoup intéressé, étant très friand du genre. Précédemment, en 2014, j’ai été membre du jury du Festival du cinéma français de Valenciennes, et plus récemment en 2021, de celui du Festival du cinéma méditerranéen qui se déroule à Montpellier.
Quand j’ai suffisamment de temps libre, j’aime bien participé à ces événements autour du cinéma. Ce sont des moments privilégiés de rencontres avec des cinéphiles, où l’on partage des émotions et des avis. Ils représentent des parenthèses qui sont du travail sans vraiment en être.
* le prix a été remis à Tout ce que nous respirons de l’Indien Shaunak Sen.
AVoir-ALire : Comment s’est décidé votre participation ici et comment se déroule le festival pour un membre du jury ?
Pierre Deladonchamps : Cela faisait plusieurs fois que l’on me le proposait, mais c’est seulement cette année que j’ai pu dégager assez de temps libre pour accepter. C’est un grand plaisir parce que c’est un grand festival. L’organisation au sein du jury est très libre. On se voit régulièrement par petits groupes ou même à deux pour en parler. Formellement, on se réunit tous les quatre films pour faire un point, et bien sûr après la toute dernière projection, une fois que l’on a vu tous les films en compétition, pour décider.
AVoir-ALire : Comment êtes-vous venu au cinéma ?
Pierre Deladonchamps : À dix-sept ans, j’ai commencé à faire du théâtre et j’ai trouvé ça fabuleux. Et puis, un peu par hasard, on m’a demandé d’être "réplique" pour le concours d’une école de théâtre. Finalement, nous avons été admis tous les deux !
Je venais de finir mes études et j’ai donc décidé de tenter ma chance .À ce moment-là, je n’avais pas l’ambition de devenir professionnel, je voulais juste jouer. Et puis, j’ai été admis au cours Florent. Il fallait travailler et être créatif pour se distinguer au milieu de nombreux candidats, et là ça m’a donné de l’ambition. Au départ, je pensais que le milieu du cinéma n’était pas accessible pour moi. Et puis j’ai fini par me rendre compte que dans l’art et particulièrement dans le cinéma, tout peut arriver à tout le monde. Voilà, on ne devient pas ingénieur astrophysicien comme ça ; par contre acteur, on peut !
AVoirALire : Très vite dans votre carrière, vous avez obtenu un César pour L’homme du lac. Quel effet a-t-il eu sur votre carrière ?
Pierre Deladonchamps : C’est vrai, mais si je l’ai eu tôt dans ma carrière, c’était plutôt tard à cet âge. Le meilleur espoir, masculin comme féminin, est en général réservé à des artistes très jeunes, alors que moi, en 2014, j’avais déjà trente-six ans.
D’ailleurs, Julie Depardieu qui l’avait obtenu en 2004 (à trente et un ans), avait dit quand on le lui a remis qu’elle était bien trop "vieille" pour ce prix. J’avais trouvé ça très drôle.
Je ne me suis pas trop rendu compte sur le coup de ce que ce prix représentait. Et puis, en fait, ça m’a énormément porté. D’un point de vue personnel, il a influé sur la confiance en soi et, professionnellement, c’est une mise en lumière : être choisi par ses pairs, c’est un tremplin et une promesse que l’on a envie de tenir.
AVoir-ALire : Comment choisissez vous vos rôles, ou à l’inverse si c’est le cas, comment êtes-vous sollicité ?
Pierre Deladonchamps : En général, il y a trois points très importants qui me permettent de choisir à partir des scénarios que je reçois. Un, il faut que l’histoire me parle ; deux, que je sente que je vais pouvoir faire quelque chose avec le personnage ; et trois ce que m’inspire la personne qui réalise et les partenaires. Il me semble important de ne pas faire tout ce que l’on nous propose. Ce n’est pas qu’un travail, c’est aussi un message qui a une portée politique. Je pense que l’art est un gros vecteur d’avancées sociales, en ce qui concerne les mœurs et les grands sujets de société. Le cinéma, comme art, est souvent précurseur et aide à faire avancer les choses. De plus, sans arts, la vie serait à coup sûr plus plate et bureaucratique.
AVoir-ALire : Je ne prétendrais pas avoir vu tous vos films. Mais vous semblez la plupart du temps interpréter des rôles de mystérieux voire parfois introverti ? Je me trompe ?
Pierre Deladonchamps : J’entends bien ce que vous me dites, mais je ne saurais pas trop quoi y répondre. Peut-être qu’on se tourne vers moi et que je me tourne vers des films qui parlent de la fragilité humaine, et de parcours de vie de personnages qui ne ressemblent pas à des gens dits "normaux". Quand on fait un film, c’est pour raconter quelque chose d’"extra" ordinaire qui peut aussi bien émouvoir, fasciner, énerver, mais toujours faire réfléchir et provoquer des émotions. S’il y a tout ça, j’en suis nourri et j’ai envie d’y participer. Après, mon interprétation est faite avec ce que je suis, de ce que je compose, de ce que l’on me demande, comment on m’y amène et de mon rapport avec mes partenaires. C’est très vivant, ça nous échappe en partie et c’est très bien comme ça.
Il y a aussi les histoires qui résonnent dans ma vie pour une raison ou une autre comme Le fils de Jean (de Philippe Lioret 2016) pour prendre un exemple.
AVoir-ALire : Par contre, dans Les chatouilles (2018), vous êtes le méchant. Comment avez-vous abordé ce film-là ?
Pierre Deladonchamps : Au risque de me répéter, il s’agit d’un film au message éminemment politique, et l’acteur doit être à son service. Pour celui-ci, Andréa Bescond et Éric Métayer, les réalisateurs, disaient à juste titre qu’il était important que l’on ne puisse pas déceler facilement la noirceur de mon personnage, que l’on ne puisse pas immédiatement l’identifier. Si ce personnage n’est pas gratifiant, le rôle et ma participation, par contre, l’ont été complètement.
AVoir-ALire : 2022 est l’année de votre retour au théâtre avec "Les amants de la Commune". Pouvez-vous en dire quelques mots ?
Pierre Deladonchamps : Au mois d’avril, j’ai joué dans Les amants de la Commune mis en scène par Géraldine Martineau avec pour partenaire Isabelle Carré. Il y a très longtemps que je n’étais plus monté sur les planches, principalement faute de disponibilités : il faut être suffisamment libre pour les répétitions, les représentations puis la tournée qui suit. De plus, j’étais ravi de participer à une pièce qui évoque le sujet trop méconnu de la Commune de Paris. D’ailleurs, j’avais déjà tourné un téléfilm qui se déroulait à la même période de l’Histoire. Il s’agissait de Louise Michel la rebelle de Sólveig Anspach, avec Sylvie Testud dans le rôle-titre (2009).
En fonction des propositions et de mes disponibilités, je ne m’interdis pas, bien au contraire, de participer à d’autres pièces.
AVoir-ALire : Si vous voulez bien en parler : Dans quels films pourra-t-on vous voir prochainement ?
Pierre Deladonchamps : Il y a déjà La page blanche (de Murielle Magellan), avec Sara Giraudeau, qui est toujours en salles. Le 19 octobre, sort Reprise en main de Gilles Perret, premier film de fiction de celui qui a récemment été coréalisateur de documentaires avec François Ruffin. Puis le 2 novembre, ce sera Vous n’aurez pas ma haine de Kilian Riedhof, tiré du livre autobiographique d’Antoine Leiris, qui a perdu sa femme lors des attentats du Bataclan : c’est son personnage que j’interprète.
Je suis aussi en cours de tournage de Flo réalisé par Géraldine Danon, qui relate la vie de la navigatrice Florence Arthaud, première femme victorieuse de la Route du Rhum. J’y interprète son frère. D’ailleurs, j’ai dû m’absenter dans la nuit du 5 au 6 septembre en plein festival pour aller tourner une scène. Mais tout va bien, je n’ai raté aucun film à Deauville !
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