Hellspawn l’intégrale - La chronique BD

L’intégrale Hellspawn, c’est plus de quatre cents pages qui mêlent l’enfer sur Terre, les péchés typiquement humains et des combats célestes. L’oeuvre est sombre, craquelée, fissurée comme les âmes qui sont dépeintes. Stylisée aussi, parce que chaque page correspond à un univers marqué, qui a des allures de peinture, allant de Bosch à Bacon. Forcément, le contexte aide à ce décalage, cette immersion. Spawn, ou sous son nom humain Al Simmons, c’est ce policier trahi qui pactise avec le Diable pour retrouver sa femme. Hellspawn, c’est une série dérivée, avec les mêmes personnages, mais plongés dans un univers d’horreur. Ce n’est pas un comic classique comme l’est l’original, le costume emblématique n’est pas au centre, les couleurs sont ternes, faites de rouille et d’os. Le sang y est sale, les démons vraiment inquiétants, les hommes réellement dégoûtants. Côté scénario, l’ensemble manque cependant de lien, d’accroche ou de trame. Les chapitres sont courts, accessibles mais le mélange avec les nouvelles technologies ne prend pas toujours.

© Delcourt

Côté graphisme, évidemment il n’y a rien à dire. Ce style est reconnaissable, brut et assumé, et évolue en suivant les pages, selon les coups de crayons de Templesmith ou Wood. Du noir et blanc, on passe au brun, voire à l’écarlate. Des dégradés et des contrastes forts qui créent des pages qui effraient autant qu’elles fascinent. Ne l’oublions pas, Hellspawn est un récit d’horreur, sans optimisme ni espoir, avec ses démons et ses combats, mais avec surtout une ambiance glaçante et stagnante. Pas de batailles rangées et d’action explosive comme dans la saga originale, mais plutôt une méditation philosophique sur les maux de l’humanité, entrecoupée de coups rares des gros flingues du héros dantesque.

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Hellspawn, c’est une intégrale d’horreur et de malheur, mais que les lecteurs pourront redécouvrir avec bonheur, pour un peu que cette atmosphère torturée touche, comme les peintres ou réalisateurs peuvent perturber, car c’est aussi ça le travail de l’artiste.