Le 9 février 2015
- Réalisateur : Jessica Hausner
Pirouette arty sur le thème de l’amour et la mort, Amour fou a séduit la rédaction d’aVoir-aLire. Rencontre avec la réalisatrice Jessica Hausner, figure gracile du cinéma autrichien.
aVoir-aLire : Si l’on sent une certaine tendresse de votre part à l’égard de vos personnages, je n’oserai pour autant pas qualifier ce ressenti d’amour. Quelle est votre relation avec vos protagonistes ?
Jessica Hausner : C’est une question difficile. A l’instar de nombreux cinéastes, les héros de mes films me sont chers. Je pense même que l’on pourrait dire que chacun d’entre eux incarne un fragment de ma personnalité. Néanmoins, je pense qu’Amour fou les emploie davantage en tant que support qu’il ne les envisage comme finalité. Il ne s’agit pas d’une introspective psychologique.
Qu’est-ce qu’un Amour fou ?
Cela dépend de la personne à qui vous le demandez ! C’est une expression française que les allemands utilisent telle quelle. J’imagine que lorsqu’on utilise ces termes, on se réfère à une forme de passion dramatique qui brise les conventions et les dépasse. Cet idéal amoureux trouve ses racines au début du 19ème siècle. A ce moment de l’Histoire, la conception que l’on se faisait des relations commence peu à peu à muter jusqu’à devenir ce que l’on connaît aujourd’hui.
Concevez-vous qu’il puisse exister une certaine forme de romantisme dans la mort ?
Il me semble que cet idéalisme, que vous nommez romantisme, se manifeste surtout à travers la croyance des personnages en l’amour. D’où qu’il vienne et qu’importe l’endroit où il puisse être trouvé.
L’amour est-il toujours égoïste ?
Je le crois, oui. C’est une bonne chose. En allemand, on parle même de « condition humaine ». Même si cet égoïsme nous conduit à blesser notre entourage, il s’agit d’une disposition indispensable à notre survie. Il s’agit d’ailleurs de la question soulevée par Heinrich, le personnage principal de mon film : « Tout cette souffrance en vaut elle la peine ? »
Quelle est votre position ?
Si la question du poète reste pertinente, j’estime quant à moi que vivre mérite toutes les peines que l’on puisse endurer. Cela répond d’ailleurs à mes croyances. Après la mort, je ne vois que le vide...
Névrotique, morose, languissant... Heinrich est il atteint du mal de ce siècle ?
Je ne saurais le dire. Amour fou ne s’intéresse pas à la dépression en tant que maladie. Il s’agit d’ailleurs d’une comédie ! C’est la meilleure manière d’appréhender le film. En riant.
Propos recueillis à Paris le 3 septembre 2014
La critique du film : ICI
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