Circonstances atténuantes
Le 25 novembre 2004
Plus soucieux de son image qu’il n’y paraît, l’enfant terrible de Detroit se cherche des circonstances atténuantes et accepte même le rôle de porte-parole le temps d’un morceau énorme.
- Artiste : Eminem
Sur son nouvel album, le vilain petit canard de Detroit continue son slalom géant entre humour et outrage, politique et polémique, et semble trouver des circonstances atténuantes à ses dérapages. Reste ce qui d’ordinaire intéresse peu les médias et le grand public : sa musique.
A l’instar d’une Christine Angot ou d’un Grégoire Bouillier en littérature, Marshall Mathers alias Eminem a donc fait de sa vie (à peine) privée le centre névralgique de son travail. La comparaison s’arrête sans doute là me direz-vous, d’autant que pour aller un peu plus loin avec le bonhomme, il faut d’abord avaler quelques couleuvres, faire avec certains penchants gênants (on reparlera sans doute homophobie avec le pourtant très drôle Big weenie), et aller au-delà des pseudo-polémiques colportées par la presse généraliste (la dernière en date étant le procès qu’a intenté Michael Jackson après avoir vu le clip du single Just lose it, dont il est la cible principale).
Et la première chose qui frappe à l’écoute de Encore, c’est l’effort que semble produire Eminem pour se montrer sous son meilleur jour, et pour expliquer ses débordements. Just lose it raconte les déboires d’un chanteur qui a bon fond, mais qui peut "s’oublier" à chaque moment, tandis que Evil deeds ouvre l’album sur cette phrase : "Father please forgive me for I don’t know what I do, but I never had the chance of meeting you." L’absence d’un père, donc, mais également le dépassement de ses ambitions de départ (Rain man) ou la difficulté de vivre loin de sa fille (Mockingbird) doivent inciter l’auditeur à être indulgent avec les débordements du blondinet, selon lui en tout cas.
Car lorsqu’on le suit sur son territoire de prédilection, la musique, on constate que le jeune homme semble avoir plus que jamais le feu sacré. A l’image d’un Never enough court et acéré, sur lequel il répond à son complice 50Cent quant à son envie d’en découdre avec tous les MCs de la planète, la complicité entre Eminem et son fabuleux faiseur de beats Dr Dre est ici à son apogée. Dre a ressorti pour l’occasion quelques vieux synthés analogiques, n’a pas hésité à se servir des touches délicates d’un piano, et a considérablement ralenti le rythme, proposant ainsi un contrepoint idéal au flow énervé de son protégé. Tout cela prend magnifiquement son sens sur l’énorme Mosh, une diatribe anti-Bush où le clown Eminem tombe enfin le masque et accepte l’espace de cinq minutes un rôle de porte-parole que d’aucuns ne lui reconnaîtront sans doute jamais.
Encore, Eminem (Interscope/Universal)
Tracklisting :
1 Curtains up
2 Evil deeds
3 Never enough
4 Yellow brick road
5 Like toy soldiers
6 Mosh
7 Puke
8 My 1st single
9 Paul (skit)
10 Rain man
11 Big weenie
12 Em calls Paul (skit)
13 Just lose it
14 Ass like that
15 Spend some time
16 Mockingbird
17 Crazy in love
18 One shot 2 shot
19 Final thought (skit)
20 Encore (curtains)
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
22 novembre 2004
Encore
Eminem est parti de rien pour devenir le plus grand rappeur de tous les temps, pas comme ces soi-disants rockeurs dont tout le matos est payé par maman et papa. Et non, Slim Shady a du s’en sortir tout seul, parti de rien, de la misère de Detroit à la grandeur de maintenant. Il l’a bien mérité
, après ces longues années de labeur. Ce dernier album, Encore, est d’une force incroyable. Non seulement il prend position contre la guerre en Irak dans la chanson Like Toy Soldiers mais il critique également Bush, ce qui est normal pour toute personne normale sur terre. Qui aime Bush, cet ingrat qui se dit guidé par Dieu. Un charlatan plutôt. Bref, Eminem est l’artiste le plus impressionnant qui aura jamais existé et qui n’est pas près de s’éteindre.
Vive Eminem et Fuck Bush