L’ennui
Le 27 octobre 2004
L’usure d’un couple : le traitement d’un sujet aussi éculé exige inventivité et finesse littéraire. Autant de qualités absentes de ce roman.
- Auteur : Christine Angot
- Editeur : Le livre de poche
- Date de sortie : 1er janvier 2019
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L’usure d’un couple : le traitement d’un sujet aussi éculé exige inventivité et finesse littéraire. Autant de qualités absentes du dernier roman de Christine Angot, Les désaxés.
Son éditeur nous avait avertis dès le printemps. Christine Angot ferait l’événement de la rentrée littéraire avec un nouvel ouvrage qui était un "vrai roman". Allons bon, un écrivain pouvait être capable d’écrire un vrai roman ! Nous nous préparâmes donc durant l’été à applaudir celle qui allait enfin faire progresser la littérature française. Cette dernière a semble-t-il pris aussi conscience de sa prouesse. N’a-t-elle pas, voici quelques semaines, signifié dans une lettre transmise aux Inrocks : "Je suis écrivain, que ça vous plaise ou non, il faudra vous y habituer" ? Mais voilà, reconnaissons-le, nous ne nous sommes toujours pas habitués à cet état de fait et la lecture de son dernier ouvrage, Les désaxés, n’a en rien modifié ce que d’aucuns pourraient appeler mauvaise volonté, voire aveuglement ignare envers la révolution angotienne.
Un homme, une femme. Pas de chabada chabada à la clé mais la souffrance d’un couple en désamour qui s’étire de page en page. François et Sylvie vivent ensemble depuis une dizaine d’années. Lui est scénariste en panne d’inspiration et est condamné à travailler pour une productrice de téléfilms à gros succès. Elle est réalisatrice maniaco-dépressive et d’une crise d’hystérie à une autre, hôte accoutumée de la clinique psychiatrique. Ils tentent en vain de sauver leur couple en déliquescence entre une escapade ratée à Rome, quelques cocktails mondains et une course rue Bonaparte.
Peinant à donner un souffle de vie à ses personnages, Angot semble avoir été contaminée par l’usure du couple. Le rythme de ses phrases s’englue peu à peu dans les sables mouvants du cliché "boboïsant" tandis que nous dodelinons de la tête, soumis à une sourde pression soporifique.
Décidément, que Christine Angot passe du "je" de l’autofiction à la troisième personne romanesque, rien n’y fait, l’ennui est là, omniprésent et le verbe insipide à force de mouliner du cliché à répétition. On aura néanmoins apprécié les dernières pages sans savoir pour autant si c’est parce qu’elles se sont avérées, ô surprise, enlevées et incisives, ou parce que nous étions tout simplement soulagés d’enfin pouvoir en finir avec ce "vrai roman".
Christine Angot, Les désaxés, Stock, 2004, 210 pages, 18 €
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