Saudade - La chronique BD

Résumé :

Saudade, ce mot pour le lecteur portugais rappelle ce mélange de nostalgie et de mélancolie, le temps des regrets ou des remords, l’image des amours anciens et des amitiés perdues. À travers des portraits fugaces et empreints d’émotions, le dessinateur Fortu livre le secret de la tristesse, en des planches tendres et vraies.

© Delcourt

Notre avis :

Autant le dire tout de suite, Saudade a un côté un peu dépressif qui peut faire reculer. C’est un album lent et précis, minimaliste dans son expression mais expansif dans sa compréhension du sentiment humain, une sorte de Stefan Zweig qui aurait couché quelques croquis sur des pages blanches. Touchant parce que simple, vrai parce que chaque histoire semble tirée des pensées de quelqu’un. Le titre n’est pas anodin : quelques anecdotes racontent l’âme portugaise, et certaines brèves se recoupent, sans se heurter, sans se toucher même, d’une façon fluide et immuable.

© Delcourt

Du côté du dessin, ce crayonné qui mise sur un seul trait, noir sur blanc, sans cases ni bulles, donne un effet de photographie, d’instantané un peu léger au début, mais qui convainc très rapidement. Pour les habitués du très bon blog de Fortu, l’expérience n’est pas inédite, mais les nouveaux seront rapidement séduits par ce toucher, ce fil qui dévoile pudiquement des parts de vie. Car les histoires, si elles ont un titre, n’ont pas de véritable fin, et peuvent continuer au gré des imaginations. Comme le trait, rien n’est vraiment figé dans Saudade, et cette impression se confirme au fil des pages.

© Delcourt

Techniquement original et sentimentalement chargé, l’ouvrage de Fortu donne à voir peu mais à ressentir beaucoup. Ces brèves sont autant de fragments de vies inachevées, mais qui n’ont pas besoin de s’achever pour parler aux lecteurs. Une œuvre unique en son genre, un photomaton nostalgique qui pique un peu le cœur, mais flatte les yeux et le cerveau.