En proie au silence. T.1 - La chronique BD

Avec ce manga aux airs de romance lycéenne, le fait d’avoir les yeux d’une professeur en narratrice intermittente doit mettre la puce à l’oreille du lecteur, et ce après un titre explicite : En proie au silence va raconter une histoire de fragilité, de brisure et de violence ordinaire. Face aux incertitudes d’un lycéen face à l’attitude inappropriée d’une femme mûre, l’héroïne malmenée mais dans le déni ne peut plus se voiler la face : elle a été violée, et le fait qu’un jeune homme puisse l’avoir été aussi lui fait prendre conscience d’une manière étourdissante de violence que sa colère est justifiée. Plus rien ne sera plus comme avant, et la suite, attendue, va donc continuer cette trame sombre...

Akane Torikai / Akata

Le dessin annonçait lui aussi la couleur, puisque dès le début, une atmosphère pesante s’installe, créée en partie par des mines sans sourire, ou seulement narquois, des regards trop appuyés, voire dégradants. Ainsi, même les jeunes lycéennes ont des airs vulgaires, les garçons semblent recouverts par un voile obscène, comme si le thème avait entaché toute la composition de ce seinen, qui cherche coûte que coûte à la dissimuler, sans jamais y parvenir totalement. Pas de scènes vraiment crues, mais pourtant une violence s’en dégage, latente sans être imperceptible, et Atane Korikai prouve alors toute l’immensité de son talent, jamais fragile, toujours acéré.

Akane Torikai / Akata

Percutant et corrosif malgré son absence de grands éclats, En Proie au Silence lève un voile sur un problème majeur de la société, et rappelle que le combat féministe (mais pas uniquement) n’est certainement pas gagné, mais ne fait que débuter.