Disparition de l’acteur Peter Fonda

News : Figure de la contre-culture américaine, Peter Fonda a peut-être rejoint, farouchement arrimé à sa chopper d’Easy Rider, son pote Dennis Hopper, pour tracer une route éternelle. En tout cas, c’est évidemment à ce film mythique qu’est associé le fils d’Henry Fonda, qui l’avait co-écrit et interprété, endossant le rôle du placide et nonchalant Wyatt. D’ailleurs, le communiqué de la famille Fonda superpose implicitement l’image de ce héros et celle de l’artiste : "Tandis que nous pleurons la perte de cet homme doux et gracieux, nous souhaitons aussi célébrer son esprit indomptable et son amour de la vie. En l’honneur de Peter, portez un toast à la liberté s’il vous plaît."
Nanti d’une formation d’acteur au théâtre au sein de l’Omaha Community Playhouse, où son père et Marlon Brando eux-mêmes avaient débuté, Fonda entame son parcours cinématographique dans le film d’Harry Keller, Tammy et le docteur, avant d’être révélé par le long métrage de Roger Corman, Les Anges sauvages, en 1966, dans le rôle d’un chef de gang de motards. Trois ans plus tard, chevauchant à nouveau son objet fétiche, il remporte un succès foudroyant avec Easy Rider. Le film est récompensé par prix de la Meilleure première œuvre au très politique Festival de Cannes 1969.
Par la suite, Fonda continuera de travailler activement au cinéma, au théâtre et à la télévision, même s’il ne retrouvera jamais le succès du long métrage auquel son souvenir est aujourd’hui associé : il tournera toutefois avec des auteurs importants comme John Carpenter (Los Angeles 2013), l’écrivain et réalisateur Ryū Murakami (All Right, My Friend), Jonathan Demme (Colère froide), Steven Soderbergh (L’Anglais) ou Robert Wise (Brève rencontre à Paris). Et il obtiendra un Golden Globe en 1998, pour son rôle d’apiculteur dans le drame de Victor Nuñez, L’Or de la vie. Son prochain film, The Last Full Measure, où figurent également Samuel L. Jackson, Morgan Freeman et Laurence Fishburne, est prévu pour la fin octobre, aux Etats-Unis.
Peter Fonda a lui-même mis en scène trois longs métrages, qui ne rencontreront pas de succès. L’homme sans frontières (1971), anti-western imprégné de la contre-culture américaine, exercera une influence sur le célèbre Pale Rider, de Clint Eastwood. Par ailleurs, l’acteur était un militant écologiste convaincu et s’était fait remarquer au Festival de Cannes 2011, lorsqu’il s’en était pris à la gestion d’une marée noire dans le Golfe du Mexique, qualifiant Barack Obama de "putain de traître". Il ne cachait pas non plus une hostilité viscérale à Donald Trump et avait, l’an dernier, violemment critiqué sa tolérance zéro en matière migratoire.