Royale Marianne Hoppe
Le 4 décembre 2010
Une vibrante déclaration d’amour à Marianne Hoppe, grande dame du théâtre et du cinéma allemand.
- Réalisateur : Werner Schroeter
- Acteurs : Martina Gedeck, Marianne Hoppe, Lola Müthel, Ursina Lardi, Maren Eggert, Judith Engel, Evelyn Künneke
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Allemand
- Festival : Rétrospective Schroeter à Beaubourg
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– Durée : 1h41mn
– Tournage du 10.06. au 20.08.1999
Une vibrante déclaration d’amour à Marianne Hoppe, grande dame du théâtre et du cinéma allemand.
L’argument :Un monument cinématographique à la gloire de Marianne Hoppe, la diva du théâtre allemand, conçu comme un collage de photos, de scènes de ses films et d’extraits de ses pièces de théâtre.
Notre avis : Après les cantatrices de Poussières d’amour, c’est à une grande figure du théâtre allemand que Werner Schroeter (rétrospective à Beaubourg) fait une vibrante déclaration d’amour dans Die Königin - La reine.
Royale, Marianne Hoppe (1909 - 2002), l’est assurément, et, à quatre vingt-dix ans, son autorité et son magnétisme sont même intimidants. Mais le cinéaste place le film sous le signe de la légèreté en lui faisant rencontrer, dès la séquence d’ouverture, la chansonnette Evelyn Künneke (1921-2001) qui s’empresse d’entonner une version très swing de son inusable tube des années de guerre Sing, Nachtigall, sing.
Le générique qui suit s’amuse à désamorcer le risque du monument figé en filmant l’actrice dans un pré, trônant immobile sur fond de ciel bleu, avec sur la tête une vertigineuse perruque dix-huitième, celle de la marquise de Merteuil dans le grinçant Quartett de Heiner Müller.
Son partenaire dans cette pièce se désigne lui-même comme sparring-partner, soulignant le défi sportif que représente la confrontation à la présence scénique dévastatrice de cette actrice. Les nombreux extraits de représentations sont éloquents : que ce soit en témoin muet au milieu d’une tablée animée dans le glaçant Heldenplatz de Thomas Bernhardt ou en Roi Lear au masque pétrifié par la douleur transportant le corps de sa fille morte dans la mise en scène de Robert Wilson, elle capte immédiatement l’attention du spectateur fasciné pour ne plus la lâcher.
Le film laisse pourtant une place à d’autres actrices, faisant par exemple dialoguer, dans le terrifiant monologue final de la Penthesilea de Kleist, Lola Müthel, autre grande figure historique, et la jeune Ursina Lardi, non moins impressionnante que son illustre aînée. Maren Eggert, Judith Engel ou Martina Gedek, qu’on a souvent vues depuis au cinéma, sont également de la partie.
Représentations scéniques, répétitions, lectures, souvenirs : le théâtre est au centre de Die Königin, mais Schroeter emmène aussi Marianne Hoppe, très récalcitrante, sur les lieux de son enfance ou ceux du tournage de Der Schritt vom Wege (1939), la remarquable adaptation du roman de Theodor Fontane Effi Briest réalisée en 1939 par Gustav Gründgens.
D’autres extraits de films (elle en tourna une soixantaine entre 1933 et 2000) surgissent au fil des séquences de ce portrait en forme de kaléidoscope qui, bien dans la manière du cinéaste, ne vise pas à l’unité mais laisse à chaque fragment son autonomie irréductible.
Il ne vise pas non plus à l’hagiographie et ne fait pas l’impasse sur la période nazie, évoquée de manière récurrente par l’insertion de documents d’actualité mais aussi par l’interrogation frontale.
Schroeter, et c’est ce qui fait le prix de ce documentaire anti-télévisuel, ne prétend pas faire oeuvre d’historien ni faire le tour de son sujet. S’il célèbre une fois de plus l’espèce de précipitation heureuse ou d’intensification de la vie opérée par la pratique de l’art sous toutes ses formes, il ne la considère jamais comme un moyen de fuir le réel mais plutôt comme la meilleure manière de regarder en face la vie et la mort.
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