Le 22 juin 2021
Avec finesse, Juliette Goffart analyse la riche carrière de Fincher de manière tout à fait solide, en demeurant très accessible.


- Réalisateur : David Fincher
- Auteur : Juliette Goffart
- Editeur : Marest éditeur
- Genre : Essai, Cinéma
- Nationalité : France
- Date de sortie : 11 juin 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur

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Résumé : David Fincher est un des grands cinéastes de sa génération. Son culte du contrôle ou sa fascination morbide pour les figures du mal ont forgé sa réputation. Après 25 ans de carrière, quels liens peut-on établir entre toutes ses œuvres ? Quel rapport Fincher entretient-il avec l’idée du mal, les figures monstrueuses, qu’elles soient des aliens, des manipulateurs ou des tueurs en série ?
Critique : Des questions, Juliette Goffart en pose habilement et facilement. Elle fait le choix de s’adresser directement à son audience, usant à plusieurs reprises de la première personne, comme pour laisser poindre la part de subjectivité que peut contenir son analyse. C’est à dessein qu’elle entame son ouvrage en parlant de son enfance, rappelant ce qui l’a motivée à écrire, et commençant déjà à mettre la carrière de Fincher en lien avec d’autres œuvres, et pas seulement de cinéma. C’est d’ailleurs la qualité de l’essai : il crée des ponts habiles entre les films du réalisateur eux-mêmes, et les œuvres d’autres metteurs en scène. Toutefois, l’auteure est obligée d’opérer une petite sélection, en laissant naturellement un peu de côté certains films de Fincher, tels L’Etrange histoire de Benjamin Button, ou The Game, moins faciles à incorporer dans le thème.
L’essai aborde quelques évidences, comme le parallèle entre mise en scène du crime et mise en scène artistique. Au point de donner l’impression d’enfoncer quelques portes ouvertes, même s’il lui aurait été reproché plus durement de ne pas le faire. Il valait donc mieux les rappeler, et le choix de ne pas trop s’y attarder est donc salutaire. Goffart ponctue d’ailleurs souvent ses remarques d’analyses pertinentes sur les décors ou encore le travail primordial de la photographie chez Fincher. Si le lecteur fan de l’artiste sera peu surpris, quelques détails risquent toutefois de l’interpeller, et de l’amener à revoir les œuvres, nanti d’une nouvelle lecture. Par exemple, l’emploi de l’humour - souvent noir - chez le réalisateur mérite une réelle attention que manifeste l’auteur de l’ouvrage.
En revanche, dans la structure de son essai, on pourra questionner l’intérêt de la présentation de toutes les figures monstrueuses du cinéma de Fincher. Sur le papier, il paraît important de les introduire pour mieux jouer avec, par la suite. Néanmoins, la mention de tous ces personnages crée un effet catalogue, qui contraste avec le reste du propos et manque souvent de profondeur, avec des descriptions laconiques.
Le livre est également desservi par quelques choix de présentation douteux, comme certains titres de sous-parties, tout en bas des pages, un ou deux espaces superflus, ou des illustrations dont la disposition peut parfois questionner.
Reste une lecture agréable, assez poussée sans être trop exigeante, qui a le mérite de nous replonger dans l’œuvre d’un des cinéastes les plus influents et de son temps.
Prix : 24 €
240 pages
17x21 cm
240 pages - 24 €
17x21 cm