Le 5 décembre 2020
Vous aimez les fins surprenantes ? Le long métrage ne démérite pas en la matière, pour le pire selon la légende qui l’accompagne. Mais c’est un procès sévère, d’autant que le film offre une continuité parfaite dans la jeune - mais déjà riche - carrière du David Fincher de l’époque : obsessions et maîtrise technique de haut niveau.
- Réalisateur : David Fincher
- Acteurs : Michael Douglas, Sean Penn, Carroll Baker, Peter Donat, James Rebhorn
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : L’Atelier d’images
- Durée : 2h08mn
Résumé : Nicholas van Orton est seul. Il a 48 ans, est divorcé, et assez misanthrope. Son frère Conrad espère lui faire un beau cadeau d’anniversaire, en lui offrant un jeu, organisé par la mystérieuse organisation CRS. A partir de là, un engrenage mortifère semble se mettre en place. Vous avez un dit un simple jeu ?
Critique : Personne n’ose imaginer ce que c’est de réaliser "le film d’après". En l’occurrence, il s’agit pour Fincher de mettre en scène "le film d’après" Seven. Nous avons vu plus confortable, tant le succès du thriller aux sept péchés capitaux fut grand, et surtout étant donné la manière dont il a redéfini les codes du genre. Nombre de spectateurs se souviennent d’une déception. S’il est impossible de la contester, il est tout à fait possible de réaffirmer tout l’intérêt artistique qu’offre The Game, qu’on a même envie de qualifier de réussite.
Si Fincher présente bien une qualité indéniable, c’est incontestablement celle d’apporter un soin tout particulier au rendu visuel de ses films. Bien aidé par le talentueux chef opérateur Harris Savides, il confère à son troisième long-métrage un cachet particulier, aux teintes noires et froides, que seuls quelques néons viennent illuminer. Plus plaisant encore, c’est avec une mise en scène savamment pensée qu’il parvient à nous convaincre que, malgré un scénario parfois poussif, son « jeu » a de quoi nous séduire.
- © 1997 Universal Studios et Propaganda. Tous droits réservés.
C’est principalement sur l’état émotionnel de son personnage principal qu’il réussit un tour de force. En effet, il n’existe personne de plus froid que von Orton. Pourtant, avec quelques idées très simples de mise en scène, Fincher filme à merveille son immense solitude. Toute l’introduction est assez significative, mais le choix de le perdre au milieu d’un cimetière en guise de renaissance, au milieu de l’intrigue, est également lourd de sens. Au-delà de cette solitude, ce sont ses angoisses qui infusent dans le film. Le spectateur comprend bien vite leur teneur à l’aide d’un joli montage alterné entre passé et présent. Il existait mille manières de rendre ce montage peu subtil, et pourtant Fincher semble avoir trouvé la juste mesure.
Toutefois, il semble parfois oublier cette dernière, alors qu’il développe son histoire. Faire reposer une histoire sur de fausses pistes, c’est prendre le risque de manquer de surprendre le spectateur… mais surtout de vouloir le surprendre à tout prix ! A ce jeu-là, il est possible d’affirmer qu’il en fait un peu trop, même si certaines scènes, bien qu’assez invraisemblables, gardent un indéniable pouvoir divertissant.
Reste alors une œuvre au ton assez surprenant, puisqu’elle n’hésite pas à parfois lorgner du côté de la comédie noire. Surtout, elle parvient à livrer une jolie métaphore du pouvoir mystificateur du cinéma et des fabricants des films qui le nourrissent. Pour cela, il n’y avait rien de mieux que saisir San Francisco en tant que personnage à part entière. C’était également le décor du fameux Sueurs froides d’Alfred Hitchcock, qu’on peine à ne pas voir comme une influence, et dont l’ombre plane sur The Game en permanence.
Jusqu’à ce que la fin gâche tout, alors ? Possible. Mais si elle a le défaut de l’invraisemblance la plus totale, elle a le mérite de ne jamais restreindre notre liberté d’interprétation. Et le spectateur de se demander si, tel Alice au Pays des merveilles, van Orton n’est pas déjà passé dans un autre monde. Et si tel est le cas, depuis quand.
Test Blu-Ray Edition Collector
Le blu-ray collector comprend notamment trois suppléments qui apportent une réelle plus-value à l’édition, d’autant qu’ils sont inédits.
Notons également qu’il existe une version Prestige qui permettra de bénéficier de nombreuses surprises, de moults bonus, et surtout d’un livre écrit par David Mikanowski, journaliste au Point Pop. Notre critique se concentre sur l’édition "seulement" Collector. Et c’est déjà très bien.
L’image et le son :
Nous avons droit, pour cette édition, à une restauration 2K du film réalisée par The Criterion Collection, à partir du négatif original. Que ceux qui ne savent pas vraiment faire la différence entre une résolution 2K, 4K (et même 8K, allons-y gaiement !) se rassurent : l’image est parfaite, et l’atmosphère noire mise en place par la photo particulièrement soignée. Elle est signée par le regretté Harris Savides et est méticuleusement mise sur un piédestal. Rien d’autre ne compte.
Pour le son, rien à ajouter : quel que soit le système audio que vous possédez, l’immersion est assurée ! Nous sommes aussi ravis que le détail ait été poussé jusqu’à offrir un nouveau mix Auro 3D 7.1. Mais, en étant honnêtes, nous avouerons que rares doivent être les spectateurs à bénéficier d’amplis compatibles !
Les suppléments :
C’’est un immense plaisir d’écouter Philippe Guedj (journaliste au Point Pop) étudier le film avec des images à l’appui. Le juste milieu est parfaitement trouvé : l’analyse ne dure pas trop longtemps, mais parvient tout de même à aller au fond des choses, accordant une importance méritée au travail visuel de Fincher, la composition de ses cadres, et l’éclairage de Harris Savides, son chef opérateur. Avec justesse, et s’il ne révèle rien de tout à fait surprenant, il permet de prendre du recul sur le film que l’on vient de voir (ou qu’on s’apprête à voir). Surtout, il le fait sans complaisance, c’est-à-dire sans affirmer que le présent film est la plus grande œuvre jamais réalisée. Il est même assez lucide, notamment sur ce qui semble être sa principale faiblesse, ou en tout cas le reproche qui lui est fait habituellement (cf ci-dessus).
Après cela, nous avons droit à l’interview d’un des scénaristes du film, John Brancato. Ce dernier raconte avec humilité comment The Game s’insère dans une carrière qui lui-même ne le satisfait guère. Comprendre comment est née l’idée du film est assez savoureux, et le détail de toutes les pistes qu’il aurait pu prendre est assez passionnant. Cela vient incontestablement enrichir le visionnage (et il faut rappeler que seul le format physique vous le permet dans de si belles conditions).
Enfin, nous avons droit à une capsule de 20 minutes, Les Hommes sur l’échiquier, que nous mettrons au second plan ici, mais qui vaut le détour, notamment pour comprendre l’importance capitale de personnages dont on ne soupçonnait pas forcément la richesse. Bémol : les commentaires ne sont pas en audio, mais directement sous-titrés... par-dessus les sous-titrages du film qui passe en fond ! De quoi créer une confusion qui paraissait évitable.
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bbjj83 3 juillet 2007
The Game - David Fincher - Critique & test Blu-Ray
Un bon film qui comporte quelques longueurs.
Le sujet est interessant.
Certaines répliques sont très drôle !!
birulune 14 août 2019
The Game - David Fincher - Critique & test Blu-Ray
Je me souvenais pas que la fin était si émouvante