Consider the birds

Lorsque David Eugene Edwards est assis derrière un piano ou qu’il tient une guitare, les notes aiguës se retrouvent instantanément au chômage technique. Chez lui, tout est grave. Pas étonnant donc de voir les notes se mettre au diapason des thèmes, culpabilité et rédemption en tête. Au royaume des grands déprimés inspirés, Edwards en viendrait même à battre Nick Cave, voire Mark Lanegan sur le fil. Sa folk music décharnée et habitée, qui semble avoir été enregistrée depuis la Batcave, glace en tout cas autant les sangs qu’elle stimule notre intellect. Car pour s’approprier Consider the birds, il faut s’accrocher. Les longues soirées d’hiver devant la cheminée tombent à pic...

Traversé de résonances gothiques, Consider the birds se nourrit également de réminiscences de musiques traditionnelles irlandaise et (plus surprenantes bien que moins palpables) orientales. Le disque porte en tout cas un indéniable sceau, identifiable dès les premiers accords de Sparrow falls. La voix trafiquée de Bleary eyed duty et surtout l’intensité dramatique du solennel et pieux To make a ring achèvent d’installer l’auditeur au centre de cette sombre procession. Chest of drawers calme quelque peu le jeu avec sa guitare isolée, et le reste de l’album se révèle d’une densité telle que cette chanson astucieusement placée au centre du disque fait figure de bouffée d’oxygène au beau milieu d’une interminable apnée en eaux troubles.