Série noire
Le 8 septembre 2004
Toujours pas de pop bubblegum pour le mystérieux chanteur du côté obscur de l’Amérique.
- Artiste : Mark Lanegan Band
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Un album électrique et dépouillé, brutal et fascinant. Equipe de rêve (de PJ Harvey à quelques ex-Guns’n’Roses ou Queens of the Stone Age) autour d’un homme à la voix envoûtante, le Mark Lanegan Band n’est pas un club de plaisantins.
S’il y a bien une voix qui inspire le respect, c’est celle de Mark Lanegan. Dès qu’elle s’élève sur l’intro de When your number isn’t up, grave imprécation sur fond d’orgue, grinçant ses évocations de sang chaud et d’amis disparus, les hommes arrêtent leurs affaires, les femmes embrassent le crucifix et les bébés pleurnichent. Kurt Cobain, plutôt avare de louanges sur ses contemporains, parlait de lui comme l’un des plus grands chanteurs de sa génération. Lanegan officiait alors chez les plus ou moins grunge Screaming Trees. Depuis leur séparation le chanteur de Seattle s’est tourné vers un folk lancinant et blessé au cœur. Le blues des campagnes américaines parcourues par des assassins repentants, celles de Mitchum ou Johnny Cash. Affligeant cliché pour un Bono en petite forme ?
Aucun doute, cela va plus loin. Bien sûr, Lanegan met dans des ballades comme Strange religion une gravité qui ferait passer les Tindersticks pour des admirateurs d’Annie Cordy. Pourtant l’émotion, la tension présentes sur Bubblegum l’empêchent de tomber dans une morbidité complaisante. De plus, poussé par ses disciples Queens of the Stone Age, saint Mark a rouvert au culte des chapelles fermées depuis la fin des Screaming Trees. Voilà donc, au milieu de belles complaintes plus dépouillées, du hard, du heavy, du rock&roll (le garage Sideways in Reverse), dans le même ton que les derniers featurings de Lanegan sur les albums des Queens. Le furieux Methamphetamine blues rend ainsi un bel hommage à Helter skelter. Tous les chemins mènent à McCartney.
Autre geste vers la fidèle alliée Angleterre : on retrouve PJ Harvey plus en forme que jamais, avec l’un de ses meilleurs duos, Hit the city, n°1 de notre Star Ac d’outre-tombe. Beau morceau saturé, au bord de la transe comme nombre de ses compagnons sur Bubblegum. Surprise à la fin, Out of nowhere sonne presque easy listening après les moments difficiles qui précèdent. Mark Lanegan oublie ses tourments, met un peu de velours dans sa voix et se réinvente crooner bucolique. Un chanteur culte, dans le meilleur sens du terme.
Bubblegum, Mark Lanegan Band (Beggars Banquet / Naïve)
Tracklisting :
1 When your number isn’t up
2 Hit the city
3 Wedding dress
4 Methamphetamine blues
5 One hundred days
6 Bombed
7 Strange religion
8 Sideways in reverse
9 Come to me
10 Like Little Willie John
11 Can’t come down
12 Morning glory wine
13 Head
14 Driving Death Valley blues
15 Out of nowhere
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