Uh huh her

Polly Jean Harvey le confesse dès la première phrase du livret : "Tout ce qui compte, ce sont mes histoires et ma voix". La couleur est ainsi annoncée : fini la relative délicatesse de To bring you my love, oublié les ambitions de Stories from the city, stories from the sea. Uh huh her commence comme du PJ Harvey de la première heure : sec, rêche et captivant par moment. Mais comment apprécier (et même accepter d’entendre) une resucée de Dry douze ans après ? Et Polly est-elle réellement celle qui peut encore aujourd’hui entonner sérieusement des Who the fuck ? La déception et bientôt l’ennui gagnent ainsi l’auditeur que les histoires de la dame ne captivent pas.

Et puis, était-ce une démarche préméditée ou Polly Jean ne peut-elle plus s’empêcher aujourd’hui de développer et d’emballer ses chansons, mais toujours est-il qu’au détour d’un morceau court parfaitement anodin (No child of mine), l’inspiration de l’auteur et l’intérêt de l’auditeur renaissent en chœur, atteignant même des pics de plaisir durant les très réussis You come through et It’s you. L’album se termine alors dans la douceur et la fragilité (soit à l’exacte opposée du début) de trois compositions contant des histoires d’amour impossibles, préparant sans doute un avenir à nouveau rock’n’rose pour une PJ Harvey sans cesse tiraillée entre ces deux extrêmes, et donc toujours un peu en transition.