Les maux, la mort, les sorts
Le 30 septembre 2004
Le plus lyrique des Australiens nous offre son excellent 13e album accompagné du 14e, moins réussi. Pas l’idée du siècle.



- Artiste : Cave, Nick

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Un album de soul intense, un autre plus calme et ronronnant, Nick Cave prend de l’avance et sort d’un coup ses meilleurs et ses moins bons morceaux de la décennie.
Depuis Nocturama l’an dernier, Nick Cave a eu le temps de réaliser une mini-tournée, d’écrire quelques chansons pour le très prochain Marianne Faithfull et de revenir avec un double album. Les José Bové du rock hurlent au productivisme, les puristes se méfient. D’autant qu’il s’est offert les services de la chorale du London Community Gospel Choir pour des titres un peu chargés (les refrains éplorés de The lyre of Orpheus, en particulier).
Certes, les plus grands ont aussi eu leur période gospel. U2, Elvis, Barbara, Dylan, et même Nana Mouskouri ont puisé dans ce fonds de spiritualité 100% américain, qui convient comme un gant à Nick Cave, mystique inconditionnel de littérature du Sud profond. Le problème, c’est que pour rentabiliser ces chœurs, notre homme les a invités à tenir compagnie à ses Bad Seeds sur une bonne partie des albums, au risque de faire flancher des morceaux qui ne leur avaient rien fait.
Mis à part ces polyphonies (Nick n’est pas obligé de savoir que depuis le début de l’année, la France subit un flot constant de voix pré-pubères à toutes les sauces), il faut reconnaître que Abattoir blues est un grand album de Nick Cave. On n’en dira pas autant de The lyre of Orpheus, plus répétitif et moins inspiré. Sur le premier, il y a du son cavien classique (punk-rock pour headbangers romantiques, country, blues) mais aussi de la soul et du funk sur Hiding all away. Ne cherchez pas la basse de Bootsy Collins, c’est du groove à la Nick Cave, qui ironise de plus en plus sur son image de parrain des gothiques : "tu es entré dans la cathédrale, je n’étais pas au milieu des gargouilles, je ne me balançais pas à la cloche..."
Allégresse et angoisse vont toujours de pair, comme à la grande époque de Nick Cave. On aurait donc pu se contenter de ce seul Abattoir blues - sans le single presque rock FM Nature boy - même si The lyre of Orpheus réserve aussi ses surprises, comme les flûtes latino du sobre et enjoué Breathless. Un improbable billet d’entrée pour l’académie du Buena Vista Social Club. L’ami commun Wim Wenders fera les présentations. Après quelques années passées au Brésil, Nick Cave penserait-il à La Havane pour ses vieux jours ? Il n’est pas idiot, l’Australien.
Nick Cave & the Bad Seeds - Abattoir blues / The lyre of Orpheus (Mute/Labels)
Tracklisting :
Abattoir blues
1 Get ready for love
2 Cannibal’s hymn
3 Hiding all away
4 Messiah ward
5 There she goes, my beautiful world
6 Nature boy
7 Abattoir blues
8 Let the bells ring
9 Fable of the brown ape
The lyre of Orpheus
1 The lyre of Orpheus
2 Breathless
3 Babe, you turn me on
4 Easy money
5 Supernaturally
6 Spell
7 Carry me
8 O children