Le 20 avril 2016
- Réalisateur : Joyce A. Nashawati
- Date de sortie : 20 avril 2016
Interview de la réalisatrice Joyce A. Nashawati, auteure d’un premier long métrage, le prometteur Blind sun, qui sort sur les écrans le 20 avril 2016.
Rencontrée à l’occasion du festival lyonnais de cinéma de genre Hallucinations collectives, la jeune cinéaste Joyce A. Nashawati s’est prêtée au jeu d’une interview, qui a été l’occasion d’en savoir plus sur ses goûts, son approche du cinéma et évidemment son premier film Blind sun.
Bonjour, pourriez-vous nous évoquer votre cursus avant d’en arriver à votre premier long ?
Joyce A. Nashawati : J’ai fait des études de cinéma à l’université. En Angleterre puis à Paris. Avec ma cinéphilie dévorante et mes études, je pensais que j’allais finir par être professeur de cinéma ! Pendant que, boursière, je travaillais mon mémoire, j’ai fait des stages sur des tournages. Au fur et à mesure des stages, j’ai eu très envie de passer à la réalisation. Grâce à un job qui m’a permis de mettre de l’argent de côté, j’ai réalisé un court très simple qui m’a révélé ce que je voulais vraiment faire : mes propres films !
Que représente pour vous le fait de présenter votre premier long métrage dans des festivals, comme récemment celui d’Hallucinations collectives ?
Les festivals sont vraiment supers car les films sont mis en valeur et vus par un public de passionnés avec qui on peut débattre. Ils permettent un échange qui est souvent constructif pour la suite. Après, ils peuvent aussi créer une expectative. Un festival très spécialisé peut incliner certains membres du public à rechercher l’adéquation entre le film qu’ils regardent et l’idée qu’ils se font du festival lui-même.
Pourriez-vous nous citer vos films et réalisateurs préférés ?
Ouh la la il y en a beaucoup ! Comme je le dis souvent j’ai une grande affection pour le cinéma de genre australien des années 70 pour son aspect solaire et mystique à la fois, la confrontation qui s’y joue entre la civilisation européenne et une nature puissante qui la dévore. J’adore Hitchcock et tous ses "enfants", de Dario Argento à Chabrol. J’aime le cinéma japonais des années soixante, comme Teshigahara et Shindo… En fait, j’aime les réalisateurs qui posent le cinéma comme une fabrique de rêve et usent de ses outils de manière à créer un monde.
Vous aviez déjà réalisé trois courts-métrages. Comment vous est venue l’idée de passer au long métrage ? ?
Pour le passage au long, ça s’est fait très naturellement mais cela a pris du temps. Il fallait que je me sente prête mais aussi que je trouve des partenaires en matière de production.
Pourquoi avoir tourné Blind sun en Grèce ?
Ca a toujours été la Grèce, le projet est né en Grèce. Pour ses décors, sa lumière, sa situation particulière en Europe, et par affection surtout. C’est un des pays dans lesquels j’ai grandi.
Comment s’est effectué le choix des acteurs ?
Je voulais qu’ils viennent de pays différents. Je voulais créer un véritable melting-pot sur le tournage pour voir ce que ça donne. C’était intéressant car ce ne sont pas les mêmes écoles de jeu et ce qu’on trouve bien joué en Grèce n’est pas forcément ce qu’on trouve bien joué en France.
Pour Ziad Bakri, l’acteur principal, on a fait un casting dans les pays d’Afrique du Nord et au Moyen-Orient et je l’ai trouvé grâce à son agente italienne. On l’a fait venir à Paris pour des essais. J’aimais bien le fait qu’il ne connaisse pas la Grèce. Qu’il ne vive pas en Europe. Et qu’il soit jeté dans l’inconnu. J’aimais bien sa sécheresse physique.
J’avais envie qu’il soit élégant et sobre. J’ai découvert un tatouage qu’il avait pendant la préparation du film, c’était un indien d’Amérique et j’ai trouvé ça joli par rapport à la thématique de l’étranger errant.
Peut-on avoir une idée du budget ?
C’était un budget très modeste !
Y-a-t-il des influences revendiquées sur Blind sun ?
Pas revendiquées au sens de la citation directe, mais il y a quelque chose à relier avec le cinéma paranoïaque du Polanski des années 70, et aussi quelque chose des films d’angoisse lumineux australiens. Après c’est un film moins narratif que les références que je cite.
Y-a-t-il une scène dont vous particulièrement fière dans Blind sun ?
Je n’ai pas de scène particulière dont je suis fière, j’ai beaucoup aimé tourner les scènes qui avaient un découpage complexe, des effets, de l’action, du grand air, des figurants. Toutes celles qui nécessitaient de trouver des astuces de mise en scène pour avoir lieu dans mon type de budget. Ça transforme le tournage en aventure et j’adore ça !
Comment avez-vous eu l’idée de créer un climat de peur dans des paysages très lumineux, alors qu’habituellement la peur naît de l’obscurité ?
C’était le déclencheur, la première envie. C’est né de la canicule, du soleil comme élément agressif, des ombres qui hantent la maison. Je voulais voir si l’inquiétude pourrait exister dans ce contexte.
Comment avez-vous souhaité intégrer la question actuelle des migrants, par rapport à votre film ?
En fait je ne l’ai pas intégrée comme ‘question’ car je n’ai pas pensé à cela comme un ‘sujet’ que je traite. Ça s’est fait naturellement par la nature du personnage principal. Je suis moi-même arrivée en Europe en venant d’ailleurs. Ce personnage est donc de l’ordre du normal pour moi. Ce n’est pas un sujet ou un élément sociologique. L’envie était de traiter surtout l’aspect « étranger » sans maison. Je voulais traiter de la peur et de l’isolation, et avoir un personnage principal étranger à l’endroit où il se trouve.
Avez-vous déjà l’idée d’un prochain long métrage ?
Oui je développe deux projets de films de genre en ce moment. Mais c’est trop tôt pour en parler plus précisément.
Rerciements à Joyce A. Nashawati pour sa disponibilité et ce temps consacré à cette interview.
Blind sun sortira en salle le 20 avril 2016. Retrouvez notre critique ICI.
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