Le 24 décembre 2015
- Voir le dossier : Bilan 2015
2015, année de cinéma stérile ? Sans aller jusqu’à parler de débâcle, difficile de ne pas déplorer le manque d’enjeux et de vraies idées parmi les films sortis cette année. Reste toutefois quelques chefs-d’œuvre, à commencer par Mia madre et Mad Max.
2015, année de cinéma stérile ? Sans aller jusqu’à parler de débâcle, difficile de ne pas déplorer le manque d’enjeux et de vraies idées parmi les films sortis cette année. Reste toutefois quelques chefs-d’œuvre, à commencer par Mia madre et Mad Max.
Non, le cinéma en 2015 n’aura pas su entrer en résonance avec ce que nous vivons aujourd’hui. Trop vides, trop désincarnées et déconnectées peut-être de la réalité, les œuvres filmiques n’ont qu’à de trop rares exceptions évité l’échec. Parmi les symptômes de ce simili-naufrage : une absence souvent malhonnête de véritable enjeu politique. Difficile à ce titre de ne pas pointer du doigt la Palme d’or d’Audiard, cas d’école parmi de nombreux autres d’un cinéma où la trame scénaristique, trop consciente de ses mécanismes, l’emporte sur tout le reste. Quitte à en passer - la faute à une neutralité pathologique et une absence dérangeante d’engagement - par une forme de déni de réalité. Comme s’il s’agissait quelque part, en un anachronisme ronflant, de perpétuer l’âge d’or d’Hollywood et ses inconséquences, le tout avec une fausse modestie crasse.
Dans ce paysage cinéphilique dévasté, quelques propositions étonnantes sont toutefois sorties du lot, soit parce que moins artificieuses, soit parce que plus personnelles. Il y a d’abord les confidences de Nanni Moretti, bouleversantes et humbles, dans Mia Madre. Ou les chuchotements houleux de Philippe Garrel dans L’Ombre des femmes. Plus tonitruants mais avec une fougue, une spontanéité et une virtuosité implacables : Mad Max : Fury Road, The Smell of Us et Sicario ont misé le tout sur une idée, jusqu’à friser l’épuisement. Magnifiques démonstrations d’un cinéma délesté de ses inhibitions et principes calculateurs. Louons enfin la belle sensualité de Summer et le grand retour de Pixar au sommet avec Vice Versa, film de génie auquel nous ne nous attendions plus.
Le top 2015
1 Mia Madre, de Nanni Moretti
2 Mad Max : Fury Road, de George Miller
3 L’Ombre des femmes, de Philippe Garrel
3 bis Sicario, de Denis Villeneuve
4 The Smell of Us, de Larry Clark
5 Vice Versa, de Pete Docter
6 It follows, de David Robert Mitchell
7 Les deux amis, de Louis Garrel
8 Cemetery of Splendour, d’Apichatpong Weerasethakul
9 Notre petite soeur, d’Hirokazu Kore-Eda
10 21 nuits avec Pattie, d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu
10 bis Summer, d’Alanté Kavaïté
Mais aussi...
11 Inherent Vice, de Paul Thomas Anderson
12 Knight of Cups, de Terrence Malick
13 Kingsman : services secrets, de Matthew Vaughn
14 Mustang, de Deniz Gamze Ergüven
15 Contes italiens, de Vitorio et Paolo Taviani
16 L’image manquante, de Rithy Panh
17 Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin
18 Les Mille et Une nuits, de Miguel Gomes
19 Jauja, de Lisandro Alonso
20 À la folie, de Wang Bing
21 The BIg Short : le casse du siècle, d’Adam McKay
22 La chambre interdite, de Guy Maddin
23 Knock Knock, d’Eli Roth
24 Green Inferno, d’Eli Roth
...
Un challenger
Aussi conformiste (rarement formule n’aura semblé aussi millimétrée et peu spontanée), corseté (Disney oblige) et minimaliste soit-il, Star Wars : Le Réveil de la Force s’est avéré une franche réussite. De ces blockbusters qui, à l’instar de Mad Max : Fury Road, rendent au divertissement ses lettres de noblesse. Malgré la béance de son scénario et en dépit de ficelles grossières - mais n’est-ce pas là une façon pour J.J. Abrams et consorts d’affirmer qu’on ne réinvente pas Star Wars -, le résultat est saisissant de virtuosité. Loin, très loin de la grandiloquence pompière et kitsch initiée par la prélogie de Lucas - celle par extension reprise par l’écrasante majorité des blockbusters récents. Gant de velours pris dans la fonte, Star Wars : Le Réveil de la Force ne doit surtout pas être jugé à travers le prisme de son matraquage publicitaire. Reste que les spectateurs allergiques à la dimension fan service, à la nostalgie et aux radotages passeront leur chemin.
Ressorties, reprises et autres restaurations
Mention spéciale pour Out 1, La Vallée de la Peur, Le Solitaire, Au hasard Balthazar et Sorcerer.
Les déceptions
Youth, Hacker, Birdman ou encore Terminator Genisys
Crimson Peak, de Guillermo Del Toro
Une attente pour 2016
Les 8 Salopards, de Quentin Tarantino
Galerie Photos
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