Le 14 novembre 2005
Goncourt des lycéens : une identité revendiquée.
Pour ses dix-huit ans, le Goncourt des lycéens s’affranchit des modèles et revendique une identité.
Il y a les pour, les contre, les moqueurs, les indifférents. Ceux qui hurlent à l’expérience des jurys et ceux qui préfèrent leur innocence, ceux qui croient aux livres et à la lecture et d’autres qui préfèrent la pérennité institutionnelle. Ça bouillonne autour du Goncourt des lycéens. C’est vrai que la manifestation a tout pour faire monter la polémique. Emanation de l’Académie Goncourt et géré par la Fnac, le GDL porte dans son cahier des charges le bâton pour se faire battre. Mais peu importe. Au-delà des querelles édito-médiatiques, il y a des lycéens qui lisent, et cela devrait être la seule chose qui compte. Qu’ils lisent la sélection Goncourt, pourquoi pas ? La contrainte est une forme de défi. Qu’ils essaient de faire comme les grands, comme on peut le lire un peu partout, rien n’est moins sûr et le roman qu’ils viennent de retenir symbolise bien le niveau d’exigence et le parti pris d’indépendance que les lycéens revendiquent malgré l’extrême balisage de leur marathon lecture.
Cette année, le GDL fêtait ses dix-huit ans et pour l’occasion, la formule s’était offert un coup de fraîcheur. Jusqu’à présent, fidèle à l’élitisme académique, la proclamation se faisait en comité restreint, réunissant les délégués des différentes classes Goncourt à la brasserie La Chope à Rennes. C’était enterrer un peu rapidement l’effort collectif de deux mois de lecture forcenée, un exercice auquel bon nombre d’élèves se frottait pour la première fois. Cette année la proclamation n’était pas un aboutissement mais le coup d’envoi de la fête. Une après-midi entre musique, danse et littérature, qui réunissait des élèves de toutes les classes concernées à la Salle de la Cité, la salle mythique de Rennes. La lauréate avait fait le déplacement et entre un DJ et un concert de rock, le plateau s’est mis en place pour laisser Sylvie Germain [1] répondre aux questions des lycéens.
Il se pourrait que le principe soit conservé pour les éditions à venir, et on peut presque y voir une déclaration d’indépendance. Le modèle du prix est adulte, le déroulement l’est aussi tout comme le dénouement. La fête, elle, est celle des lycéens, le moyen par lequel ils s’approprient une démarche dont ils ont toutes les raisons d’être fiers. Tard le soir, certains jouaient encore les prolongations avec peut-être plus d’enthousiasme qu’ils n’en avaient mis dans la lecture... Mais un Goncourt, ça n’arrive qu’une fois dans une vie de lycéen, et parfois ça change tout.
[1] Lauréate du prix avec Magnus (lire notre critique)
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