Le 6 octobre 2023
- Plus d'informations : Le site du Festival
Mettant en avant le cinéma francophone dans sa plus large définition, le FIFF de Namur, qui fête ses trente-huit ans, regorgeait de belles propositions filmiques d’horizons très divers. Nos découvertes et impressions namuroises, le temps d’un week-end.
News : Qui oserait encore dire qu’il fait toujours gris en Belgique ? Lorsqu’on arrive à Namur, capitale de la Wallonie, le temps est en effet doux et ensoleillé. L’occasion rêvée, donc, d’aller… se tapir dans les salles obscures. Chaque année a en effet lieu à cette période le FIFF, pour festival international du film francophone. Armé de la louable promesse de « partager le cinéma. En vrai. En grand. », le FIFF met donc à l’honneur le cinéma francophone dans sa plus large acception : on y voit bien sûr des films français et belges mais également québécois, maliens, vietnamiens, luxembourgeois…
Premier rayon de soleil de ce week-end filmique : la sensation Linda veut du poulet ! Le film animé, signé de Sébastien Laudenbach et Chiara Malta, est auréolé d’une fort jolie réputation depuis son prix glané au festival d’Annecy et sa sélection cannoise (via l’ACID). Réputation loin d’être usurpée : en sus d’être une pépite visuelle qui ravit les yeux à chaque instant grâce à des choix chromatiques audacieux et forts, Linda… fait d’un argument maigrissime (trouver du poulet un jour de grève générale) une course-poursuite menée tambour battant et une folle comédie puisant volontiers du côté du slapstick. Sans jamais laisser de côté le joli propos sur le deuil et les difficultés à communiquer entre parents et enfants. Pas si loin, toujours du côté des familles à géométrie variable, on découvre La Fille de son père, nouveau film d’Erwan Le Duc, qui confirme tout le bien qu’on pensait de lui après le coup d’essai de Perdrix. Un cinéma libre, décalé, faisant la part belle à de longues plages musicales ou des moments suspendus. Une drôlerie délicate assez unique, loin des canons du genre.
Le FIFF Namur est également l’occasion de découvrir de nombreux premiers films venus d’horizons très divers. Ainsi de Laissez-moi, premier long-métrage du Suisse Maxime Rappaz. Porté par une Jeanne Balibar habitée comme souvent, Laissez-moi narre l’histoire de Claudie, couturière et mère-courage qui s’évade en s’adonnant à des flirts sans lendemain dans un hôtel local ; lorsqu’elle rencontre un géologue qui s’éprend d’elle, osera-t-elle faire le grand saut et enfin vivre pour elle ? C’est là toute la question auquel le film tente de répondre, sans pathos mais avec une certaine pudeur et un vrai sens de la mise en scène. Le temps d’une étreinte entre amants sur un barrage hydraulique, on repense même à l’iconique scène du pont d’Elle et lui de Leo McCarey – c’est dire… Coïncidence ou pas, couturière est également le métier de « l’héroïne du quotidien » de Mambar Pierrette, première œuvre de fiction de Rosine Mbakam, réalisatrice camerounaise venue du documentaire, qui déclare avoir « appris le cinéma en regardant sa famille et non en regardant des films. » Un film dont l’intrigue n’est pas sans évoquer Le Mandat d’Ousmane Sembène et peuplé de « femmes puissantes » comme on en croise dans les romans de Marie N’Diaye, pas exempt pour autant de certaines maladresses ou longueurs.
Quelques nouvelles, enfin, du côté de la « Belle Province » québécoise, particulièrement bien représentée, en quantité comme en qualité. Tout d’abord avec Richelieu, du primo-cinéaste Pier-Philippe Chevigny. Une plongée âpre dans le système industriel et de ceux qui le font tourner coûte que coûte, ici des immigrés guatémaltèques ayant tout laissé derrière eux pour gagner leur (misérable) croûte dans des usines au Canada, ainsi qu’Ariane (Ariane Castellanos), l’interprète embauchée pour dialoguer avec eux. Ensuite et surtout avec Les Chambres rouges, point d’orgue de ce week-end namurois. Un thriller sans concession où l’on suit « le procès du siècle », celui d’un homme accusé de mettre en scène des snuff movies bien réels puis de les diffuser sur Internet dans les « red rooms » (coucou Shining) du titre. Pour démêler le vrai du faux, la mystérieuse Kelly-Anne (magistrale Juliette Gariépy), plongera la tête la première dans les recoins nauséabonds du dark web, où tout, même la mort, s’achète – en cryptomonnaies. Brillante réussite, Les Chambres rouges évoque les thrillers 2.0 de David Fincher (Panic Room, Millennium) pour mieux les « mettre à jour » ; il devrait fort heureusement sortir en salles chez nous début 2024. Une bonne raison – parmi d’autres – de faire une excursion dans ce « plat pays » plein de belles aspérités.
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