Vodka en dragées

Un polar parfaitement barré et extravagant. On en redemande.

Avant de pénétrer dans cette sombre cabale, lisez attentivement les avertissements que nous adressent Raphaël Bloch-Lainé et Benjamen Fau, auteurs dérangés de ce polar ironique et extravagant. La photo des deux acolytes ne semble pas mentir. Après lecture, elle semble d’ailleurs tout à fait à propos. Une vraie histoire de fou à l’usage d’un public féru de héros machanceux accumulant les échecs.
Cette première aventure de Léonard Métral est celle d’un détective privé peu recommandable dans une histoire sentant l’escroquerie, la mafia et les gros sous à plein nez. Léonard Métral n’est pas ce qu’on peut appeler un incapable notoire. S’il sait se rendre totalement ridicule, le détective semble par dessus tout avoir un don pour s’attirer des ennuis : "Il y a des jours où l’on ferait mieux de ne pas se lever." Ainsi débute notre histoire. Le détective Métral et son alcolyte, monsieur Spinoza, arriveront-ils à se sortir d’un guépier digne de Dortmunder, cambrioleur maudit et récurrent inventé par Donald Westlake ? Plus qu’un héros malmené par le destin, Léonard Métral est notre correspondant au centre d’un cyclone qui lui échappera du début jusqu’à la fin.
Cette enquête, peut-être la première d’une longue série, aurait été écrite sur une période de dix années. Initié sur les bancs de l’école, le polar sort in extremis de l’oubli et c’est tout à fait mérité. Les éditions Ginkgo semblent faire à présent une place d’honneur à l’audace et à l’humour de quelques jeunes écrivains. Jeux de mots, dérision et tapes dans le dos : les auteurs semblent de dignes héritiers d’Alphonse Allais et du collège de pataphysique. Détonant.