Up all night

Dès le premier album, on peut l’affirmer sans risque : Razorlight, c’est du solide. Car à l’heure où les groupes anglais à guitare prolifèrent comme du chiendent à boules sur une terre en jachère, il devient de plus en plus difficile de faire le tri dans la récolte. Mais la bande du charismatique et sautillant Johnny Borrell a tout pour elle : une attitude inspirée de l’époque glam-rock, une intouchable confiance en lui, de l’humour, et surtout l’essentiel : de grandes chansons. Et même si Up all night ne s’ouvre pas immédiatement sur ses meilleurs morceaux (inexpérience ou courage débonnaire ?), il enfile tout de même les perles comme nul autre premier album depuis un bail. D’ailleurs, pour qui a suivi la carrière du groupe outre-Manche (où le disque est sorti en juin dernier), cet album fait figure de véritable best-of, avec pas moins de cinq singles déjà parus.

Guitares en main, Razorlight est capable de tout : ressusciter T-Rex l’espace d’un morceau (le bien nommé Rock’n’roll lies), faire la nique aux Libertines (Rip it up), faire revivre Pulp (Get it and go), égaler les Strokes sur leur propre terrain (l’énorme Stumble and fall et son amoncellement de riffs de guitare), et même de cambrioler The Cure (avec leur bénédiction amusée) sur Golden touch, cousin pas assez éloigné de A forest. Evidemment, toutes ces comparaisons ne seraient qu’anecdotiques si l’on ne décelait pas en Razorlight une faculté à s’émanciper et à se transcender dans les productions à venir, auxquelles le très futé Johnny Borrell songe déjà.

Un disque plein comme un œuf, donc, qui tourne rond et laisse l’auditeur sur la délicieuse impression qu’il vient là de découvrir un grand groupe en devenir.