Chambre avec mue
Le 22 octobre 2003
Retour réussi pour les New-Yorkais, qui gagnent en maturité sur ce deuxième album redoutablement entêtant.
- Artiste : The Strokes
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Is this it avait précipité le retour du rock à guitares voici deux ans, projetant les cinq New-Yorkais sur le devant de la scène. Avec Room on fire, disque effectivement plus proche de la chambre que du garage, le groupe impose un langage connu avec une confiance et une maturité nouvelles.
Cette fois-ci, et les Strokes le savent bien, plus question de compter sur une quelconque hype ou sur ce bon vieil effet de surprise. Au contraire, Room on fire sera disséqué, critiqué, voire détesté d’avance. Mais pas dans ces colonnes. Car voilà un album empreint d’une honnêteté rare dans le rock actuel. Pas de producteur en vogue (Nigel Godrich ayant été débarqué au profit de Gordon Raphael, déjà aux manettes de Is this it), pas de surenchérissement sonore (les mêmes guitares, les mêmes effets, la même voix trafiquée), pas de concept néo-millénariste. Non, simplement onze chansons pour autant de mélodies imparables, autant de refrains entêtants. Après un What ever happened basique mais aussi collant qu’un malabar sous une Converse, Reptilia et son fabuleux break de guitare impressionne. Automatic stop et le single 12:51 enfoncent le clou, tout en esquives mélodiques et souplesse rythmique.
Assurément, les Strokes laissent à d’autres les innovations sonores et les mélanges audacieux, ne disputant pas à Radiohead le titre de meilleur groupe du monde. Eux se contentent de délaver leurs frusques vintage dans une maturité naissante, et continuent à faire mijoter leur soupe dans les vieux pots du rock sixties. A l’occasion, ils l’assaisonnent même de quelque épice de grand-mère, Under control se donnant curieusement un faux air Motown avec sa rythmique empruntée au My girl de Stevie Wonder.
Loin de faire du surplace, les cinq New-Yorkais avancent avec Room on fire un pion important : celui de l’honnêteté artistique. Ils habitent peut-être une toute petite chambre dans la grande maison rock, mais ils savent y mettre le feu.
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