Le 1er avril 2014
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Date de sortie : 20 mars 2014
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
– Editeur : Capricci
– Format : 120 x 170 mm
– 96 pages
– Prix : 7, 95 euros
Un ouvrage de qualité, qui offre un panorama ludique des tueurs ayant inspirés le septième art et invite à un réflexion sur l’intérêt du cinéma d’horreur.
Un ouvrage de qualité, qui offre un panorama ludique des tueurs ayant inspiré le septième art et invite à un réflexion sur l’intérêt du cinéma d’horreur.
Présentation de l’éditeur : Qui était Harry Powers, le tueur de femmes et d’enfants, incarné à l’écran par Robert Mitchum dans La Nuit du chasseur ? Jusqu’à quel point Ed Gein, « le boucher de Plainfield », a-t-il inspiré Massacre à la tronçonneuse ? L’Inspecteur Harry, film pivot dans la carrière de Clint Eastwood, ne doit-il pas énormément au tueur du Zodiac, jamais retrouvé ? Les exemples sont légion. Hannibal Lecter naît du mélange de plusieurs tueurs en série, parmi lesquels le terrible Ed Kemper, « l’ogre de Santa Cruz ». M le Maudit ne diffère pas tellement du meurtrier allemand Peter Kurten, « le vampire de Dusseldorf », ayant sévi au début du XXe siècle. Il en va de même pour des films comme Arsenic et vieilles dentelles, Scream, Tueurs-nés ou pour la série télévisée Dexter.
La fascination du cinéma pour les serial killers est aussi ancienne que lui. Simple affaire de promotion ? Exorcisme des traumas d’artistes ? Déguisement de la critique sociale en fait divers ? Axel Cadieux raconte en onze chapitres ces terrifiantes et souvent sordides histoires de cinéma.
Notre avis : Dans ce petit livre stimulant, le journaliste Axel Cadieux retrace quelques-unes des grandes affaires criminelles ayant inspirées le septième art. Avec une concision élégante qui ne sacrifie en rien l’esprit d’analyse, l’auteur dresse un panorama éclectique de ces films cultes qui se sont inspirés de faits divers ayant hanté la mémoire collective. La démarche d’Axel Cadieux est simple : il s’agit pour chaque film d’évoquer les événements qui ont lieu dans la réalité, ce que le film en a retenu et ce que produit cette appropriation du fait divers en terme de genre (rire, peur, angoisse, etc.) et/ou de représentations sociales. L’occasion de revenir sur certains cas bien connus des cinéphiles (et même au-delà) comme celui d’Ed Gein, ce tueur isolé qui revêtait des peaux humaines et inspira rien moins que les scripts de Massacre à la tronçonneuse, Psychose ou encore du Silence des Agneaux. Axel Cadieux procède ainsi pour chaque chapitre à un rappel des faits précis, efficace et qui fait l’économie de toute surenchère, l’intention de l’ouvrage n’étant pas de faire frémir ou de susciter l’empathie mais bien de montrer que le traitement filmique du fait divers suppose des entorses à la réalité ; entorses qui ont du sens, et qui font la richesse d’un cinéma trop souvent condamné pour sa violence.
C’est qu’Axel Cadieux ne se contente pas de rappeler la vérité des faits, dans une logique d’opposition vrai/faux ; il montre également en quoi le cinéma d’horreur a contribué à ancrer les faits divers dont il s’inspire dans la mémoire collective. L’auteur rappelle ainsi que Massacre à la tronçonneuse doit en partie son succès à un argument trompeur, celui de "l’histoire vraie", qui allait devenir un lieu commun du genre alors que les faits représentés dans le film ne sont que partiellement attestés dans la réalité. Cet argument en trompe l’oeil devait pourtant faire du « boucher de Plainfield » le tueur le plus célèbre de l’Amérique et, au-delà, le prototype-même du psychopathe associable, vivant à la marge de la société.
C’est dire ainsi l’importance du cinéma d’horreur dans l’inconscient collectif et dans la mise au jour d’un imaginaire où la peur occupe une place essentielle. C’est rappeler aussi son puissant impact social, dans la mesure où la représentation de l’horreur cristallise et révèle les craintes paniques d’une société que la violence fascine et révulse tout à la fois, et qui n’a de cesse de la condamner tout en voulant circonscrire les normes de sa légitimité. De ce point de vue, le fait divers nourrit bien des oeuvres subversives, engagées même, qui ne se contentent pas de représenter des événements horribles mais visent à susciter, pour les dénoncer, les craintes d’une société aspirant à se reconnaître dans des valeurs morales et dans le rejet de ceux qui les contestent. Le cas est très net pour Tueurs Nés d’Oliver Stone, plus encore pour M. le Maudit, film honni de son temps et jugé immoral par ses contemporains. C’est qu’à travers l’histoire d’un tueur d’enfants marginalisé, en proie à l’exclusion, et suscitant par là une certaine empathie, Fritz Lang entendait brosser le portrait d’une société xénophobe en marche vers le nazisme et cherchant à se fédérer autour d’un rejet de l’autre ; un portrait à charge donc, qui suscita une vive indignation du public à une époque où ce dernier aspirait sans doute à plus de manichéisme.
L’ouvrage ne développe certes pas d’argumentaire politique : le format ne s’y prête pas, la perspective reste ludique, et les films mentionnés sont trop divers pour qu’une théorie du cinéma d’horreur y ait sa place. Mais au sein de ce panorama incisif, Axel Cadieux invite tout de même avec finesse à réfléchir sur les effets d’un genre souvent incompris (ou méconnu), dont les liens avec la réalité ne sont jamais univoques mais fragiles, complexes, critiques. On appréciera aussi l’éclectisme des supports mentionnés, allant du cinéma d’horreur proprement dit au thriller, en passant par la série télé ou la comédie macabre. Précisons également que l’accent est mis sur le cinéma américain, ce qui n’a rien d’arbitraire mais se justifie par le retentissement tout particulier qu’ont connu les serial killer dans un Etat où la question de la violence légitime est, de fait, problématique. Reste enfin, que cet ouvrage donne envie d’un cinéma fort, engagé et subversif, dans un contexte où le cinéma indépendant demeure marginalisé et où la montée des extrêmes ravive, en France et ailleurs, le fantasme nauséabond d’un ordre répressif.
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