Le 29 novembre 2024
Très malin et bien écrit, ce thriller social joue sur l’ambivalence du bien et du mal en la personne d’une charmante maman enceinte et un gentil chauffeur routier, qui brouillent avec ravissement les limites entre le bien et le mal.
- Réalisateur : Arthur Môlard
- Acteurs : Agnès Sourdillon, Guillaume Pottier, Mélodie Simina, Arnaud Churin
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : Sony Pictures
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 20 novembre 2024
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Résumé : Vincent, chauffeur routier, prend en stop une jeune femme qui prétend s’appeler Trente-Sept. Très vite, son comportement étrange éveille les soupçons du routier. Mais Vincent lui-même n’est peut-être pas aussi innocent qu’il n’y paraît... Entre le chauffeur et sa passagère s’engage alors un jeu diabolique qui va bientôt devenir totalement hors de contrôle.
Critique : Manifestement, Vincent est hanté par des souvenirs traumatiques. À chaque fois qu’il emprunte un tunnel avec son camion, les mains se soulèvent, les yeux se ferment et la mort semble alors toute proche. 37 : l’ombre et la proie est un vrai film de cinéma où l’écriture tortueuse amène le spectateur dans une multitude de directions dont les réponses attendent de venir jusqu’à la fin. C’est peut-être ce qu’on appelle familièrement le suspense. En l’occurrence, Arthur Môlard, qui signe là son premier film, se délecte d’une fiction complexe où les fenêtres qu’il ouvre sonnent comme des impasses et des mystères profonds. Le long-métrage repose en effet sur la rencontre de personnages tous à leur manière écrasés par la vie : un chauffeur routier hanté par des cauchemars et des problèmes financiers ; des collègues aussi glauques que vulgaires ; et surtout une jeune femme, prénommée 37, dont on soupçonne très vite qu’elle est impliquée dans des crimes salaces.
- Copyright Sarah COHEN-HADRIA / Sony Pictures
Voilà donc un récit redoutablement intelligent. Bien sûr, le scénario n’hésite pas à jouer avec l’invraisemblance. Là n’est pas le souci. L’enjeu pour le réalisateur demeure le brouillage des lignes en matière de bien et de mal. Chaque protagoniste renferme son lot d’obscurités, à commencer par le personnage central, qui se révèle au fur et à mesure de l’histoire, d’une troublante ambiguïté. À la limite, cette 37, clairement psychopathe, est plus évidente dans sa cruauté et les jeux de manipulation qu’elle instille entre les personnages. Elle occupe presque le rôle de l’entremetteuse criminelle à travers laquelle chacun peut révéler sa part d’ombre. Le titre lui-même résume très bien la difficulté dans l’existence de délimiter clairement les parts entre ce qui relève de conduites vertueuses et de penchants plus malsains. Jusqu’au bout de cette histoire haletante, Arthur Môlard garde le mystère entier, à savoir de quel côté se situent les individus.
37 : l’ombre et la proie demeure un film d’acteurs dans la lignée des longs-métrages noirs des années 80. Deux comédiens incroyables se donnent la voie. D’abord, il y a Guillaume Pottier qui campe un chauffeur manifestement déprimé, hanté par des souvenirs traumatiques. En face de lui, il y a Mélodie Simina qui incarne une jeune femme aussi séductrice, envoûtante que profondément cruelle. Les acteurs illustrent chacun à leur manière le titre du film qui ne se résout pas à définir les limites entre l’effroi et la victimisation. Finalement, tous les deux ont des raisons légitimes, si j’ose dire, pour exprimer la noirceur de leur personnage, jusqu’au crime terrible.
- Copyright Sarah COHEN-HADRIA / Sony Pictures
On reconnaît dans le travail d’Arthur Môlard, pour son premier long-métrage, l’art de l’analyse cinématographique. Il offre une œuvre véritablement inspirée et inscrite dans les genres fantastiques et policiers. Le cinéaste sait appuyer sa caméra là où il faut, parfois peut-être avec excès, comme une leçon théorique qu’il nous donnerait sur le cinéma. Le réalisateur appuie son propos sur une actualité difficile pour les sans-papier, les classes moyennes dévorées par la crise économique et la confusion en matière d’autorité et de cadre sans pour autant s’appesantir dans le mélodrame ou le pamphlet social. Arthur Môlard écrit et réalise un film pour faire trembler ses spectateurs et leur offrir pendant une petite heure et demie une opportunité à se replonger dans les meilleurs films noirs de ces trente dernières années.
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