Tu m’as tué – La chronique BD

Cette BD nous amène dans un récit qui démarre lors d’une simple conversation en voiture sur Dieu et la foi pour finir... Nous vous laissons la surprise. En tout cas, Alonzo et son collègue vont aller de découverte en déboires. Si l’histoire semble suivre une direction toute tracée, à l’image de la voiture des deux hommes, il n’en est rien. Elle emprunte plusieurs chemins différents et l’on se perd rapidement, jusqu’au moment où tout s’éclaire – que l’on ait la foi ou pas d’ailleurs -.
Et en même temps, l’auteur parvient à faire monter la pression. Au programme : road-movie, coup de revolver, humour noir, trash, délire visuel ou fantastique pur.

David Sanchez explore plusieurs pistes. Et si l’intrigue trouve une résolution que l’on peut pressentir sans vraiment la cerner, il n’en reste pas moins plusieurs questions sans réponses dans ce récit. Questions qui peuvent laisser planer un certain malaise à la lecture.
A qui s’identifier dans ce récit ? Avec qui aurez-vous le plus d’affinités sachant que personne n’est blanc ou noir ? Et que nul n’est à l’abri de la violente main du destin ? D’ailleurs, en parlant de blanc et noir, méfiez-vous du rouge qui passe ou traîne dans certains passages, il est rarement de bon augure dans cette histoire.

Graphiquement, pour mettre en scène ce récit dérangeant, David Sanchez en prend le contrepied. Il opte pour un dessin posé. Des gaufriers classiques, des personnages stylisés dans des postures souvent statiques. Des plans serrés ou larges, sans effet de plongée ou autre. Composition dont la couverture est bien représentative. Une mise en scène calme, des couleurs douces, un dessin simple, autant d’éléments qui vont faire en sorte que l’histoire, qui n’est ni calme, douce ou simple, vous cueillera de plein fouet aux moments les plus inattendus.

Tu m’as tué vous propose un étrange voyage dans une Amérique profonde, hantée par de bien curieux fantômes... A moins que tout cela ne soit vrai ?