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Le 9 septembre 2004
Les ambiguïtés de la vie et le bien-fondé du doute en un monologue étrange et intense. Du grand Tabucchi.
Tristano agonise et parle. Le vieux résistant imaginé par Antonio Tabucchi a convoqué à son chevet un écrivain afin d’évoquer les ambiguïtés de sa vie et rappeler le bien-fondé du doute.
Un mois d’août en Toscane. Le vrombissement des cigales anime la campagne terrassée par la chaleur estivale. Derrière les persiennes d’une vieille maison, la voix de Tristano s’élève plus ou moins en continu selon la fatigue et le niveau de morphine administré. Le vieil homme, la jambe rongée par la gangrène, a convoqué un écrivain à son chevet pour lui conter sa vie avant de mourir. Dans Tristano meurt, Antonio Tabucchi a de nouveau fait appel à ses chères muses pour imaginer le dernier récit d’un mourant avec en filigrane les thèmes qui lui sont chers : le statut du héros, la question de la démocratie et le rôle de la littérature.
Tristano n’est en effet pas un homme banal. Vieux résistant, ses faits d’armes contre le fascisme ont inspiré le roman d’un écrivain. C’est à ce dernier qu’il revient de capter les dernières paroles du héros moribond car lui seul en vérité a perçu les doutes et les peurs de Tristano. Dans un long monologue, le vieillard convoque ses souvenirs et ses fantômes pour raconter les ambiguïtés de toute une vie à l’écrivain de qui il a exigé au préalable un mutisme absolu et une écoute totale.
La mémoire n’est jamais fidèle et la vérité n’est pas facile à exposer. Le récit de Tristano n’est donc qu’une variation discontinue de sa vie, tissée à partir d’ombres et de non-dits, seules les divagations attisées par la morphine et les demi-rêves provoqués par l’épuisement reproduisent quelques images d’une réalité brisée en mille morceaux.
Mais Tristano pourtant parvient à dérouler le fil de sa pensée. Il appelle à son chevet Daphné et Rosamunda, ces femmes au prénom changeant qui ont croisé son cœur ; il s’interroge sur l’utilité d’un combat, sur le sens d’une vie et interpelle l’écrivain silencieux quant au livre en devenir qui devra rapporter ses secrets et ses doutes. Mais la littérature peut-elle raconter une vie et ses méandres ? ou les mots ne sont-ils qu’un miroir déformant de la réalité contre lequel on bute telle cette mouche qui vibrionne incessamment à l’assaut du miroir de la chambre du malade dans l’espoir d’en sortir ? Autant de questions auxquelles Tabucchi nous laisse le soin de réfléchir grâce à cet étrange et si intense monologue.
Antonio Tabucchi, Tristano meurt, (Tristano muore, traduit de l’italien par Bernard Comment), Gallimard, coll. "Du monde entier", 2004, 204 pages, 16,90 €
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