Transformers 3 à Moscou : comment Hollywood courtise les pays émergents

Fin de la guerre froide entre les USA et la Russie ? En tout cas Hollywood aime de plus en plus dévoiler en exclusivités ses derniers monstres commerciaux à ses ennemis d’antan...

Les Russes n’aimeraient pas les Américains, mais adoreraient pourtant leurs films. Telle pourrait être la leçon que le cinéma donne à l’histoire après des décennies de guerre froide et de climat délétère entre les deux super puissances.
Aujourd’hui, alors que les Américains semblent passer à autre chose que le spectacle en salle, Hollywood fonde tous ses espoirs de croissance sur les pays émergents, la Chine, le Brésil et la Russie ! Grâce à ces nouveaux empires de l’exploitation cinématographique, l’Europe et le Japon ne sont plus les seuls eldorados aux yeux de l’oncle Sam. Des films comme Tron, Prince of Persia, L’apprenti sorcier ou encore Narnia ont pu générer des profits alors que les recettes américaines étaient décevantes, voire très insuffisantes pour certains d’entre eux. Très récemment, Pirates des Caraïbes 4, marqué par le déplacement promotionnel de l’équipe du film à Moscou, a connu un succès phénoménal en Russie avec près de 31M$ en quelques jours, soit le double de la France ! Des films comme Rio ou Fast and Furious 5 ont également largement dépassé les 20M$ de recettes dans l’est de l’Europe. Ce n’est donc pas un hasard si aujourd’hui Paramount décide de catapulter en ouverture du festival de Moscou en avant-première mondiale, Transformers 3. Le film de Michael Bay représente à peu près tout ce que les jeunes Russes adorent au cinéma : une technologie de pointe, un rythme haché, un récit de science-fiction pétaradant, de l’héroïsme exacerbé... Son démarrage en Russie pourrait être monumental, probablement supérieur à celui de la franchise avec Jack Sparrow.
Dans ce contexte un peu déprimant pour les économies occidentales, la perte de vitesse de la vieille Europe se résume aussi par sa diminution d’influence dans le secteur du divertissement qu’incarne de façon ostentatoire le cinéma. Hollywood l’a bien compris et compte bien ne pas passer à côté de la poule aux oeufs d’or : la Chine représente plus d’1 milliard trois cent millions de spectateurs potentiels, l’Inde un milliard deux cent millions, le Brésil 201 millions, la Russie 138 millions... Pour les 5 années à venir, au minimum, les blockbusters pourraient bien encore battre pas mal de records, sans avoir à se distinguer sur leur marché d’origine où la perspective de crise est probable. Avec cette redistribution des cartes et des enjeux économiques plus que jamais globaux, mais aussi les effets du piratage, l’avènement de la VOD et du numérique, les tsunamis sont inévitables dans le secteur de la distribution. Reste à savoir où, quand et comment...