Ghosts of Ward
Le 18 juin 2003
Une collection de folk songs étonnamment revigorants en guise d’hommage à un ami disparu.
- Artiste : M. Ward
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Ce jeune songwriter américain, fermement implanté dans la tradition country-folk de son pays, livre avec son troisième album le disque triste le plus gai de l’année.
"This record was designed to keep the loss alive and behind me" ("ce disque a été conçu de façon à conserver la perte vive et derrière moi"). C’est avec cette affirmation énigmatique et paradoxale figurant sur la pochette intérieure que Matt Ward présente Transfiguration Of Vincent. Apparemment, Vincent était un proche de Ward, et ce disque est à la fois un hommage à l’ami et un exutoire pour son auteur. Jusque-là, rien de bien original. Mais là où M. Ward puise sa singularité, c’est dans sa capacité à contourner les codes des folk songs noirs et dépressifs, pour habiller ses chansons d’une gaieté et d’une énergie qui rendent hommage à la personnalité de Vincent. Durant le superbe Vincent O’Brien, Ward décrit d’ailleurs ainsi son ami : "He only laughs when he’s sad, but he’s sad all the time". Tout le disque est ainsi construit autour de cette dualité : tristesse/joie, souvenir/célébration.
Ward profite également de la même chanson pour s’adresser à tous les Johnny Cash du monde ("He only sings when he’s sad, and he’s sad all the time"). Il s’amuse de l’identité du chanteur folk, et fait ainsi preuve d’une autodérision jouissive. Dans Sad, Sad Song, le narrateur demande aux personnes qu’il rencontre comment retenir l’amour de sa vie lorsque celui-ci veut vous quitter. Réponse unanime en forme de refrain : "Make a sad, sad song". Et évidemment, histoire de pousser le paradoxe, les textes les plus tristes sont habillés des mélodies les plus entraînantes, et vice-versa. En fin de disque, Ward transforme même le hit tonique de Bowie Let’s Dance en ballade déchirante, illuminée par sa superbe voix de falsetto et sa guitare sèche.
Aidé des Old Joe Clarks, un obscur groupe de Portland, le jeune homme est également épaulé par la fine fleur de l’alternative country : Chan Marshall/Cat Power prête sa voix à Sad, Sad Song, Jason Lytle de Grandaddy agrémente le disque de quelques enregistrements divers, et Howe Gelb (Giant Sand), qui sortit en 2000 le premier album de Ward sur son propre label, y joue du piano.
Pianos de bastringue, banjos et mandolines habillent ainsi la voix unique de Matt Ward, et font de Transfiguration Of Vincent un grand disque de ré-appropriation de la tradition. Ce qui explique sans doute l’engouement et l’admiration que suscite actuellement ce jeune songwriter chez ses pairs, et sans doute bientôt chez le grand public.
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