Les incorruptibles
Le 23 juillet 2004
Un peu plus rap, un petit peu moins soul, bonne tenue pour le nouvel album des Philadelphiens qu’on préférait quand même plus exubérants.
- Artiste : The Roots
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On pouvait évidemment compter sur les Roots pour prendre soin des racines du hip-hop. Depuis plus de quinze ans, avec une belle reconnaissance du public, les virtuoses de Philadelphie militent pour une musique engagée, festive et exigeante. Mais limitent la prise de risque sur leur nouvel album.
A quoi Black Thought, rappeur des Roots compare-t-il les temps musicaux actuels dans Pointro, intermède placé à la suite du premier morceau de The tipping point ? A un déluge de médiocrité devant durer quarante jours et quarante nuits. Et au quarante et unième jour, "la colombe répandra la nouvelle / Que l’art n’a pas été englouti et que la musique de la vie /extraira ses branches de la vase de la nullité".
Vaste programme. The tipping point serait donc un peu l’arche de Noé du hip-hop. Dans laquelle devraient être conservés, pour bien faire, un représentant de chaque famille du mouvement depuis ses origines. Mais de patriarches sauvés des eaux, ne sont embarqués que les vieux Big Daddy Kane et Kool G Rap imités avec brio par Black Thought sur le percutant Boom !. En cherchant bien, il y aussi quelques cousins à bord : on trouve un riff à la Outkast sur Guns are drawn et des beats à la Timbaland sur Duck down !.
Et les Roots, y sont-ils ? C’est là que ça se corse. Les Pennsylvaniens n’ont jamais voulu dupliquer le somptueux Things fall apart de 1999, manifeste d’une génération nu-soul qui regroupait, entre autres, D’Angelo, Common ou Erykah Badu dans un amour commun pour les beats métronomiques, les pianos Fender Rhodes et les samples de jazz. Il y a deux ans, ce son léché avait déjà volé en éclats, mais pour le meilleur, sur un Phrenology ovniesque qui allait du rock old-school (le tube The seed 2.0) à la soul onirique, avec une pincée de punk hardcore.
Recentrage hip-hop pour The tipping point, toujours avec ce son de groupe live que les Roots ont été premiers à étrenner, avant N*E*R*D ou les Black Eyed Peas. Une fois n’est pas coutume, très peu d’invités et place de choix pour la voix de Black Thought et la batterie de ?uestlove, en formation minimale sur l’intense Web. Ailleurs, comme sur I don’t care et Somebody’s gotta do it, le groupe revient à la forme couplet-refrain et à un son plus touffu qui ne leur réussit pas si mal. Pas de faux pas donc, mis à part un single (Don’t say nuthin’) pas très enthousiasmant. Mais rien non plus qui sorte vraiment du lot. Un peu court pour un album qui prêche pour un rap revitalisé.
The tipping point, The Roots (Geffen/Universal)
Tracklisting :
1 Star/Pointro
2 I don’t care
3 Don’t say nuthin’
4 Guns are drawn
5 Stay cool
6 Web
7 Boom !
8 Somebody’s gotta do it
9 Duck down !
10 Why (what’s goin’ on ?)
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