Peace, love & having fun
Le 16 juillet 2003
Dans un furieux assaut contre les barrières entre genres musicaux, les Black Eyed Peas ramènent le hip-hop à son essence festive.

- Artiste : Black Eyed Peas

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Le troisième album d’un collectif angeleno qui mêle avec lascivité sonorités jamaïcaines, latino ou hindoues à leur hip-hop imaginatif. Comme disait George Clinton : "free your mind and your ass will follow"...
Petite recommandation d’usage : ne pas s’arrêter au single Where Is The Love ? qui, grâce à la présence de Justin Timberlake a permis aux Black Eyed Peas de trouver asile dans les charts hip-hop/R&B américains. Cette très efficace mécanique groovy possède autant d’âme qu’un remix de Mariah Carey par P. Diddy, et n’aide guère à comprendre comment on a pu parler des Black Eyed Peas comme des successeurs possibles aux Fugees (la présence dans le groupe de chanteuses, Kim Hill, puis Fergie, expliquant la comparaison). Ce qui tombe bien, c’est que ce titre, comme quelques autres aussi peu inspirés, (The Apl Song ou Anxiety, essai de rap-métal avec Papa Roach) sont regroupés sur la fin d’Elephunk, préservant la plus grande part de l’album de l’ennui généré par ces tentatives consensuelles.
Les Black Eyed Peas se sont d’ailleurs montrés capables de parvenir à un crossover funk-pop-soul-rap d’une bien plus brillante manière. Repérés à l’époque de leur premier groupe Atban Klann par l’ex N.W.A Eazy-E, les rappeurs Will.I.Am, Apl de Ap et Taboo ont déjà enregistré deux albums affichant un esprit résolument festif et non-violent, fuyant comme la peste toute orthodoxie, gangsta-rap ou underground. Les premiers morceaux d’Elephunk bluffent d’ailleurs par le spectre musical couvert et la richesse d’un son incorporant des éléments live, à la manière des excellents Roots ou N*E*R*D.
L’humeur reste à un hédonisme décomplexé, dont rendent bien compte des titres comme le très old-school Labor (It’s A Holiday), Smell Like Funk ou le lascif Latin Girls. La palme de la débilité assumée revenant évidemment au fabuleux Let’s Get Retarded (faisons les arriérés), qui acoquine le P-Funk de la grande époque au R&B d’aujourd’hui. Une influence qui se fond d’ailleurs parmi les sonorités ragga, samba, banghra (The Elephunk Theme) ou mambo (Hands Up s’ouvre sur un sample de la diva péruvienne Yma Sumac) : un melting-pot à l’image de la Cité des anges, dont les Black Eyed Peas se font des interprètes aussi brillants que pour New York, justement, les Fugees.
Black Eyed Peas - Elephunk (Interscope)