Double trouble
Le 18 décembre 2003
Toujours aussi iconoclaste, Outkast revient en ordre dispersé, mais pas à court d’inspiration.
- Artiste : Outkast
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A l’heure des bilans de fin d’année, pouvait-on passer par pertes et profits le double album de ceux qui proclamaient en l’an 2000 "We are the coolest muthafunkas on the planet" ? Toujours aussi iconoclaste, Outkast revient en ordre dispersé, mais pas à court d’inspiration.
Après dix ans de carrière et un impressionnant succès critique et commercial (deux Grammy Awards pour Stankonia), les deux rappeurs d’Atlanta auraient pu choisir de se reposer et chanter Georgia on my mind pour leurs amis. Speakerboxxx/The love below montre qu’ils n’ont heureusement pas encore déposé les armes. La manœuvre avait pourtant de quoi inquiéter les adeptes. Primo, le coup du double album, souvent synonyme d’auto-complaisance dans le monde du rock, et rarement tenté dans le rap (sinon chez 2Pac ou Jay-Z). De plus, The love below et Speakerboxxx apparaissent déjà comme les albums solo de, respectivement, Andre 3000 et Big Boi. Le duo sudiste serait-il victime du syndrome Lennon/McCartney, ou pour rester dans le contexte hip-hop, Kool Shen/Joey Starr ?
Les craintes sont dissipées plus ou moins rapidement, selon le versant par lequel on attaque la montagne (plus de deux heures de musique, quand même). Sur la face The love below, il faut en effet attendre cinq titres et Spread pour retrouver le Outkast funky et lubrique que l’on connaissait. Dre a profité de l’espace de liberté que lui offrait cet album pour prendre ses distances avec le hip-hop. Peut-être marqués par sa relation passée avec Erykah Badu (qui lui avait inspiré le mélancolique Ms Jackson), ses nouveaux titres explorent une soul plus laidback, influencée par Prince, Marvin Gaye ou Coltrane. Mais il n’est pas toujours facile d’atteindre l’intensité de ces modèles, et c’est pluôt la drum’n’bass folkoïde de Hey ya se distingue du lot (ainsi que de la plupart des singles de 2003).
Speakerboxxx est en revanche le successeur plus évident des quatre premiers albums d’Outkast. Dre est d’ailleurs à l’œuvre sur une bonne partie des titres de son comparse. Et puis Big Boi n’a pas abandonné le son dirty south bass coupé à l’électro qui avait contribué à la création d’un rap mutant sur les œuvres précédentes du duo. Toujours en verve, qu’il prenne pour cible le Pentagone (sur War) ou le père Noël (pour lui un usurpateur au même titre que Milli et Vanilli), il ne laisse que peu de répit à l’auditeur. Lequel se félicite de voir que l’héritage du P-Funk est entre de très bonnes mains.
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