Seul au monde
Le 19 janvier 2021
Maîtrisé de bout en bout, The Social Network est une œuvre portant indéniablement la marque de son auteur. David Fincher signe sans aucun doute l’un des plus beaux films de l’année.
- Réalisateur : David Fincher
- Acteurs : Justin Timberlake, Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Armie Hammer, Rooney Mara, Max Minghella, Dakota Johnson, Dustin Fitzsimons
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 2h00mn
- Date télé : 1er août 2023 14:45
- Chaîne : TCM Cinéma
- Date de sortie : 13 octobre 2010
Résumé : Une soirée bien arrosée d’octobre 2003, Mark Zuckerberg, un étudiant qui vient de se faire plaquer par sa petite amie, pirate le système informatique de l’Université de Harvard pour créer un site, une base de données de toutes les filles du campus. Il affiche côte à côte deux photos et demande à l’utilisateur de voter pour la plus canon. Il baptise le site Facemash. Le succès est instantané : l’information se diffuse à la vitesse de l’éclair et le site devient viral, détruisant tout le système de Harvard et générant une controverse sur le campus à cause de sa misogynie. Mark est accusé d’avoir violé intentionnellement la sécurité, les droits de reproduction et le respect de la vie privée. C’est pourtant à ce moment qu’est né ce qui deviendra Facebook. Peu après, Mark crée thefacebook.com, qui se répand comme une trainée de poudre d’un écran à l’autre d’abord à Harvard, puis s’ouvre aux principales universités des États-Unis, de l’Ivy League à Silicon Valley, avant de gagner le monde entier... Cette invention révolutionnaire engendre des conflits passionnés. Quels ont été les faits exacts, qui peut réellement revendiquer la paternité du réseau social planétaire ? Ce qui s’est imposé comme l’une des idées phares du XXIe siècle va faire exploser l’amitié de ses pionniers et déclencher des affrontements aux enjeux colossaux...
- © Sony Pictures
Critique : À première vue, un film sur Facebook n’a rien de franchement excitant. Mais peu importe puisque The Social Network s’intéresse moins au réseau social qu’à son créateur, Mark Zuckerberg. A la lueur du scénario, on comprend rapidement ce qui a pu intéresser David Fincher. Car si The Social Network semble parfois s’effacer derrière le scénario d’Aaron Sorkin (créateur de la série A la Maison-Blanche), ce n’est qu’une illusion tant le film se veut un concentré des thématiques du réalisateur de Panic Room.
The Social Network s’ouvre sur une séquence brillamment écrite, un dialogue hallucinant, vif et enlevé, entre une étudiante et Mark Zuckerberg (interprété par Jesse Eisenberg). Via un découpage remarquable, cette scène donne immédiatement le ton du film où la parole se fait omniprésente. Mais cette entrée en matière, qui s’achève sur une dispute, revêt surtout une importance capitale et agit comme un traumatisme aboutissant en quelque sorte à la création de Facebook. Soit un moyen pour lui de prouver à cette fille qu’il n’est pas un « connard », en même temps qu’une manière d’obtenir une reconnaissance sociale. Plus loin dans le film, le fondateur de Napster (Justin Timberlake, impeccable) explique qu’il a lui aussi créé ce service d’échanges de fichiers musicaux pour se venger d’une fille. Zuckerberg lui demande alors s’il pense encore à cette fille aujourd’hui. Son interlocuteur, surpris, lui répond que non, étant donné sa notoriété. On comprend alors à quel point cette dispute initiale l’a profondément marqué. Ce qui intéresse finalement Zuckerberg, ce n’est ni l’argent, ni les fêtes organisées (auxquelles il ne participe jamais) mais bien le pouvoir.
- © Sony Pictures
Cette question, qui traverse toute la filmographie de Fincher, se retrouve une nouvelle fois centrale. Si The Social Network multiplie les grandes figures (Bill Gates, le créateur de Napster, le prince Albert de Monaco...), on assiste avant tout à l’incroyable ascension d’un asocial. Cette ascension ne se fait pas sans heurt et suscite inévitablement des convoitises. Celles-ci se manifestent d’abord par deux procès pour violation de copyrights à travers un récit où flashback et flashforward s’entremêlent dans une lisibilité époustouflante. De ce point de vue, The Social Network rappelle beaucoup Zodiac et, comme dans ce dernier, la maîtrise spatio-temporelle ne sert qu’à brouiller les pistes, au point de ne désigner aucun bouc émissaire. Cette accession au pouvoir ne s’effectue pas non plus sans trahison (et d’une certaine manière, elle en symbolise la chute). Là encore, Fincher joue parfaitement des ambiguïtés et filme avant tout un drame humain où les personnages s’entredéchirent. Les liens qui les unissent ne sont pas sans rappeler ceux des protagonistes de Fight Club, chacun ayant une influence plus ou moins forte sur les autres. On pense, par exemple, à cette séquence où Zuckerberg se retrouve en pyjama et en robe de chambre en ville comme Jack déambulait en caleçon dans les rues sous l’influence de Tyler Durden. De même, la jalousie du cofondateur de Facebook renvoie à celle du personnage joué par Edward Norton quand il se sent exclu du Fight Club.
- © Sony Pictures
The Social Network dessine in fine le portrait de personnages complexes, à commencer par celui de Mark Zuckerberg. Jesse Eisenberg (Adventureland, Zombieland) donne admirablement corps au jeune milliardaire et Fincher le montre comme un personnage orgueilleux, froid, inquiétant et terriblement seul. La réalisation, discrète en apparence, souligne ainsi magistralement le cloisonnement de son héros. Celui-ci n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui joué par Michael Douglas dans The Game, lui aussi au sommet et pourtant bien seul. La séquence finale, magnifique, en montre toute l’ironie, tout le tragique. Il a beau avoir rassemblé des millions de connectés, il a perdu tous ses amis...
- © Sony Pictures
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roger w 17 octobre 2010
The Social Network - la critique
David Fincher tourne en rond. Non seulement son nouveau film n’est pas un trip visuel comme il sait les faire puisqu’on retrouve une réalisation classique, mais en plus il oublie les spectateurs en cours de route en multipliant les longs discours codés que seuls comprendront les fans d’ordi et d’internet. Parfois incompréhensible pour qui n’est pas webmaster, son film est ennuyeux. 2 heures pour dire que le fondateur de Facebook est un con, c’est un peu long. D’autant qu’on s’en doutait un peu.
Frédéric Mignard 30 octobre 2010
The Social Network - la critique
Du pur génie visuel qui permet une fois de plus à Fincher de transcender son sujet, fort intéressant au possible. La BO est déjà dans ma poche ! Un grand film.
Norman06 31 octobre 2010
The Social Network - la critique
Un sujet dans l’air du temps bien servi par une construction habile, notamment le recours à certains flash backs récurrents. On reste cependant sur sa faim, cette commande étant loin d’égaler Seven ou Zodiac.
Jujulcactus 5 décembre 2010
The Social Network - la critique
David Fincher relève avec « The social network » un sacré défi : mettre en image l’histoire de Facebook comme un biopic de son créateur. Premier constat : sa réalistaion est sans failles, sobre et efficace, avec une BO riche et qui colle très bien à chaque passage. Qualités palpables lors de la course d’aviron, sur les airs d’un grand classique, une image comme du papier glacé, sobre, élégant ... Sa construction particulière, retrace chronologiquement les évenements en éclatant par dessus les deux procès qui ont fait suite, l’effet est assez réussit parfois, parfois moins... Les acteurs principaux sont convaincants mais n’arrivent pas, tout autant que le réalisateur, à justifier l’intérêt du film (si ce n’est une illustration de la vie étudiante américaine ou du système juridique du pays). On n’apprend rien que l’on ne sache pas déjà, et on ne sens pas de regard particulier du réalisateur, de point de vue sur les images qu’il nous envoie. C’est assez plat et surtout trop bavard, beaucoup trop de dialogues et un Mark Zuckerberg qui débite à une vitesse folle... Peu de rythme au final, et un film qui s’éssouffle un peu avant la fin (que l’on connait par avance) mais qui nous tient par sa maitrise et son savoir faire (« Zodiac » plus réussit en la matière). Efficace mais pas réellement passionant ...