Jean Dujardin, un artiste à part entière
Le 2 janvier 2021
Michel Hazanavicius gagne son pari en réussissant un hommage élégant au cinéma muet qui a permis à Jean Dujardin de rafler le Prix d’interprétation à Cannes et l’Oscar du meilleur acteur en 2012.
- Réalisateur : Michel Hazanavicius
- Acteurs : Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman, James Cromwell, Uggie
- Genre : Comédie, Comédie dramatique, Mélodrame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 7 janvier 2023 22:35
- Chaîne : OCS Max
- Date de sortie : 12 octobre 2011
- Festival : Festival de Cannes 2011
Résumé : Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L’arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l’oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés...
Critique : Nous pouvions être surpris de la présence, en compétition officielle, de l’auteur des deux récents OSS 117, dont le profil ne semblait pas correspondre, a priori, aux canons de la sélection du premier Festival de cinéma du monde. Ce scepticisme n’a plus lieu après la vision de ce petit bijou, techniquement et plastiquement soigné, et combinant avec bonheur premier et second degrés, mélodrame et comédie, cinéma populaire et hommage de cinéphile.
- Copyright Warner Bros. France
À vrai dire, The Artist n’est pas un vrai film muet, au sens puriste du terme, de par l’utilisation d’une très belle partition musicale et certains jeux de bruitages sonores, parfois à des fins burlesques (le cauchemar de Georges Valentin). Ce n’est pas une œuvre parlante pour autant, et loin de se cantonner à l’exercice de style brillant, Hazanavicius réussit une belle expérience dont les antécédents sont rares dans le cinéma contemporain : on songe à Juha (Aki Kaurismäki, 1999), ou à un volet de Three Times. Bien entendu, toute une gamme de références nourrit The Artist, à commencer par la trame principale, qui honore deux classiques : à Chantons sous la pluie, le cinéaste emprunte le thème du passage du muet au parlant ; d’Une étoile est née, il retient l’ascension d’une jeune actrice et le déclin d’un comédien fini. Mais Hazanavicius est imprégné de l’essence même du cinéma muet, qu’il admire et veut faire ressusciter : « C’est un cinéma où tout passe par l’image, par l’organisation des signes que vous envoyez au spectateur. C’est un cinéma très émotionnel, sensoriel, le fait de ne pas passer par les textes vous ramène à une manière de raconter très essentielle, qui ne fonctionne que sur les sensations que vous créez », a déclaré le réalisateur.
- Copyright Warner Bros. France
Cette conception, qui pourrait paraître vaniteuse ou utopique à l’ère de la 3D et des produits Avatar, s’apprécie dans des séquences aussi diverses que la vente aux enchères des effets de la star déchue ou du sauvetage de celle-ci par son chien Uggy, qui a d’ailleurs obtenu, cela ne s’invente pas, la Palm Dog du Festival pour sa prestation canine... « Si un chien peut faire ce métier, pourquoi pas moi ? », aurait affirmé Robert Mitchum : que dire alors du jeu de Jean Dujardin ? On savait que l’acteur pouvait casser son image et s’aventurer dans des chemins moins balisés, comme l’ont prouvé Le bruit des glaçons ou Un balcon sur la mer. Jouant sur le registre de l’émotion et de l’humour sans jamais forcer le trait, et ne pouvant s’appuyer sur aucun dialogue, le comédien réalise une composition unique, tout en mobilisant les ombres de Douglas Fairbanks, John Gilbert, Clark Gable ou Astaire/Kelly, à qui l’on pense inévitablement lors d’un savoureux numéro de claquettes. Il est bien épaulé par la resplendissante Bérénice Bejo et une troupe d’acteurs anglo-américains dont les cultissimes John Goodman (The Big Lebowski) et Malcolm McDowell (Orange mécanique).
Loin du pastiche et du simple hommage aux grands maîtres d’une époque révolue (Chaplin, Lubitsch, Murnau, Hitchcock...), The Artist est donc un enchantement qui devrait toucher un vaste public.
– Oscars 2012 : Meilleur film - Meilleur réalisateur - Meilleur acteur pour Jean Dujardin - Meilleure musique - Meilleurs costumes
– Césars 2012 : Meilleur film - Meilleur réalisateur - Meilleure actrice pour Bérénice Bejo - Meilleure photo - Meilleure musique - Meilleurs décors
– Festival de Cannes 2012 : Prix d’interprétation masculine pour Jean Dujardin
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roger w 17 octobre 2011
The Artist - Michel Hazanavicius - critique
Brillant dans sa reconstitution d’un style cinématographique et d’une époque dorée, The artist bouleverse à de nombreuses reprises et parvient à faire oublier son caractère récent pour s’imposer comme un excellent film muet qui aurait pu être tourné à l’époque. Les acteurs sont formidables, et notamment Bérénice Béjo dont on ne parle pas assez (ce qui n’enlève rien à la prestation de Dujardin, d’ailleurs). Un grand moment.
Frédéric Mignard 21 avril 2012
The Artist - Michel Hazanavicius - critique
Une reconstitution correcte qu’on apprécie pour son hommage nostalgique d’une époque fondatrice... Mais le jeu un peu outré de Jean Dujardin - il a gardé le sourire un peu beau d’Un gars et une fille pour son incursion dans le Hollywood au tournant des années 30 -, est parfois un peu lourd.
Bref, le phénomène ne serait-il pas un peu exagéré ? Totalement...