Tales of the forgotten melodies

Avec Que sera, Wax Tailor s’est retrouvé sur plusieurs playlists de radios et pas des moindres : Nova, Neo ou encore France Inter. L’album est à l’image de l’extrait : prolifique et émouvant.

Prudence dans l’approche : si Tales of the forgotten mélodies est un premier album, l’homme qui se cache derrière, J.C. Le Saoût, n’en est pas à son coup d’essai. Producteur, compositeur et rappeur au sein du groupe La Formule dans les années 90, il crée son label Lab’oratoire en 1998 pour produire divers projets dont Breathing under water qui a l’ambition de réunir et de promouvoir les acteurs indépendants du rap international. Aujourd’hui, après deux EP signés sous le pseudo Wax Tailor, JCLS revient à la composition avec un album riche qui sait allier la mélodie aux constructions complexes, une démarche très proche de ce qui a donné naissance à l’incontournable Bricolage d’Amon Tobin.
Dans la même lignée, plus qu’un LP, Wax Tailor nous offre ici une projection cinématographique. Le casting est alléchant : Doris Day sur Que sera, Nina Simone sur How I feel, Charlotte Savary du groupe Clover ou la formation hip-hop Us the other sur Walk the line. Chaque titre appelle sa succession d’images qui, mises bout à bout, offrent un long métrage surprenant. L’ensemble se découpe en dix-huit saynètes rythmées par un down tempo sobre et groove. En chef d’orchestre appliqué, Wax Tailor juxtapose samples et prises studio, extraits de films avec l’angoissant I don’t know et chant trip-hop sur Our dance, violoncelle mélancolique et boucles de trompette plaintives. Les images naissent, et on se laisse porter par ces contes musicaux aussi séduisants que féconds. Car après avoir écouté Tales of the forgotten mélodies, on a envie de poursuivre le voyage dans le foisonnement d’une cinémathèque, dans l’écriture de milliers d’histoires, dans la rue le nez au vent le sourire aux lèvres l’œil aux aguets d’une caméra, dans une danse lascive, dans un fauteuil bien confortable à réécouter le disque pour y découvrir les subtilités cachées. Et un album qui donne autant d’envies ne peut être qu’un excellent album à se procurer au plus vite.