Endless summer
Le 9 juillet 2003
Une belle sucrerie pop, redécouverte dans les archives de l’été 1967.
- Artiste : The Thrills
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Look beatnik savamment étudié, hymnes pop d’une innocence confondante, cinq jeunes Irlandais ressuscitent une Californie totalement fantasmée à partir des disques des frères Wilson ou de Neil Young.
Une bagarre East Coast/West Coast s’annonce-t-elle dans le rock comme dans le hip-hop des années 90 ? Si c’est le cas, et malgré toutes les bonnes pensées qu’ils nous inspirent (ainsi que, paraît-il, à leur compatriote Bono), The Thrills ont du souci à se faire. A la ténébreuse New York représentée par les Yeah Yeah Yeahs, les Kills et autres Radio 4, ces Dublinois au visage poupin ont préféré la Californie du Summer of Love, de la lumineuse époque du Buffalo Springfield ou des Lovin’ Spoonful. Mais la douce mélancolie de leur folk-rock bucolique risque de ne pas peser lourd face à la hargne vaguement arrogante des sus cités. Ceci dit, la bonhomie de leur onirique single Big Sur, déjà en bonne place sur les playlists de l’été, les distingue de toutes les nouveautés de 2003. Et au moment même où les très opportunistes Limp Bizkit font leur retour discographique, un peu de candeur ne fait de mal à personne.
Leur premier album, So Much For The City, a tout du rêve d’adolescents bercés au son des Beach Boys et du wall of sound de Phil Spector. D’où une production à très grand angle élaborée avec le concours de Tony Hoffer (Air, Turin Brakes), qui superpose banjos, pedal steel guitars, harmonicas et chœurs évanescents à un piano sautillant et à la voix d’ange de Conor Deasy. Histoire de signifier un peu plus le théâtre des rêveries, des vagues viennent même caresser les refrains de Deckchairs And Cigarettes. Mais c’est bien le sens de la pop song parfaite qui fait de Santa Cruz (You’re Not That Far), One Horse Town (de la soul Motown revue à la sauce psychédélique) ou encore de Your Love Is Las Vegas des moments étonnants de grâce.
Pas la peine de préciser que les Thrills ne prennent pas une option décisive dans la course à l’innovation musicale, mais peu importe. A défaut d’être aussi révolutionnaire que celui de Radiohead, ou même de Coldplay ou Badly Drawn Boy, leur univers est tout autant détaché de la pesanteur quotidienne, ce qui n’est pas rien. Etonnant tout de même comme des Européens (en grande partie par la grâce de leurs belles gueules de Strokes celtiques) raflent la mise quand, sur le même terrain de la pop céleste, des Américains comme Ben Folds ou Joe Pernice ont le plus grand mal à se faire entendre.
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