Scotch double face
Le 3 juin 2003
L’essence même des Anglais, compactée en quatorze titres.


- Artiste : Radiohead

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Puisant dans une discographie éclectique au possible, Radiohead a confectionné, entre mélancolie et énergie, un nouvel album magnifique. Hail to the Thief apparaît comme le point de convergence de Ok Computer et Amnesiac. Un délice pour les oreilles.
Tout a été écrit et prédit. Le successeur d’Amnesiac sera électro, sera rock, marquera le retour aux guitares et aux riffs enragés ou encore poussera l’expérimentation à son paroxysme. Même Paco Rabanne naviguait dans le brouillard. Comme pour se faire pardonner de nous avoir menés en bateau, Radiohead répond, avec Hail to the Thief, à toutes nos espérances. Le quintette d’Oxford, analysant depuis sa sphère le choc du 11 septembre, livre un album fiévreux et chaotique, à la frontière du rock et de l’électro. Donne vie a des morceaux hybrides (Backdrifts, The Gloaming), mi-organique mi-machine, secoués juste comme il faut et transfigurés par la voix surnaturelle de Thom Yorke.
Que les puristes se rassurent, Hail to the Thief marque aussi le retour tant attendu des géniales facéties guitaristiques de Jonny Greenwood. Aux commandes de sa six cordes, il vient dynamiter l’ouverture de l’album (2+2=5), donner le punch rock à Go to Sleep et sublimer l’atmosphère mélancolique et lourde du single There There. Ces coups de nerfs sont ponctués de balades tortueuses et tourmentées (Sail to the Moon, We Suck Young Blood, I Will) apportant respiration et paix intérieure.
Alors que la tendance va vers un retour aux sources primitives du rock avec The Strokes et The White Stripes, Radiohead vient remonter le courant en signant un album complexe et personnel, tant dans ses compositions que dans sa production, tout en sauvegardant l’efficacité et la magie qui a fait son succès. L’essence même des Anglais, compactée en quatorze titres.