Le 21 août 2002
En 1995, Radiohead est attendu. Un album, un single (Creep) sur-médiatisé et une reconnaissance mondiale. Proclamé, bien malgré lui, dans les universités américaines comme le nouveau U2, le groupe a du mal à gérer le succès. La même année sort The Bends, son deuxième opus. Écriture poignante et mélancolique, les cinq d’Oxford montrent un potentiel à faire saliver tout producteur. Mais ce n’est qu’en 1997 (après six années d’existence) qu’ils atteignent leur but. Être reconnu par leurs pairs.
OK Computer est un album proche de la perfection. Dès la première écoute, la patte de Nigel Godrich (le producteur) se fait sentir. Mais le plus impressionnant reste la densité des compositions. Puzzle immense assemblé avec talent et ingéniosité, OK Computer étonne, prend, maltraite et secoue l’auditeur. Ouvert par Airbag, l’album prend une autre altitude dès le deuxième morceau, comparable à une montée de cocaïne chez un chanteur de country. Paranoid Android s’achève, l’atmosphérique Subterranean Homesick Alien prend le relais et finit la mise en bouche.
Avec Exit Music, commence la deuxième partie du triptyque. Le morceau aurait presque pu faire partie d’un film de Sergio Leone. Montée en puissance interminable, digne d’un duel Henry Fonda - Charles Bronson, sombrant entre folie et mélancolie. Suivent le turbo-tubesque Karma Police, l’hallucinant Fitter Happier et le fiévreux Electioneering. Le plat de résistance étant servi, l’auditeur peut, après avoir respiré, attaquer le dessert. Morceau(x) de choix. Fin d’album magnifique. Quatre compositions à réécouter par gourmandise, sans risque d’indigestion. Climbing up the Walls, No Surprise, Lucky et The Tourist forment un assemblage sublime, difficile à défaire. Radiohead est en pleine maîtrise de sa musique, oscillant entre alternatif et progressif, l’album ne peut laisser indifférent. Équilibre de l’écriture, justesse dans le dosage de l’électronique et superbe travail de production.
Album charnière dans la carrière du groupe, OK Computer est synonyme de liberté. La popularité acquise à la suite de sa sortie, leur donne le champ libre. Abandonnant les guitares au profit des machines, Radiohead expérimente de nouveaux horizons. Avec Kid A et Amnesiac, le groupe prouve une nouvelle fois sa qualité musicale et sa tendance à l’innovation perpétuelle, aux portes d’une nouvelle révolution du rock.
Radiohead - OK Computer (Emi / Parlophone) (1997)
La sortie du prochaine album de Radiohead est prévue pour la fin de l’année
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